Mes exercices spirituels, par Pierre Hadot

Le philosophe Pierre Hadot, professeur au Collège de France, explore la pensée antique depuis quarante ans et publie cette année un essai inspiré sur Goethe

Cette première rencontre avec un maître «à penser et à créer» inaugure la série d'été des Débats de l'Obs. Pendant six semaines, nous interrogerons six artistes dans leur genre, six intellectuels qui réfléchissent sur leur art. Des penseurs et des passeurs originaux qui ont fait l'actualité en 2008. Du philosophe français Pierre Hadot au génie de la BD américain Robert Crumb, de l'architecte français Jean Nouvel à l'écrivain-voyageur britannique Colin Thubron, du paléontologue français Michel Brunet au poète et critique anglais Michael Edwards.

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Pierre Hadot (1922-2010)

Professeur honoraire au Collège de France, l'historien de la philosophie antique Pierre Hadot est mort dans la nuit du 24 au 25 avril, à l'âge de 88 ans. Il a modifié pour longtemps la manière même d'envisager la philosophie - voilà ce qu'il convient de souligner avant tout. Qu'il ait été un savant à l'érudition étourdissante, un homme aux moeurs simples, un auteur à l'écriture exacte et limpide, un pédagogue de haut vol, un précurseur dans plusieurs domaines est évidemment important. Mais la principale répercussion de son oeuvre, dont les effets dépassent de très loin le cercle des érudits, consiste en une mutation profonde du regard.

Pour le comprendre, il faut revenir deux générations en arrière. Dans les années 1960 et 1970, parler à un professeur de philosophie de bonheur, de sagesse, de maîtrise des passions, de travail spirituel sur soi-même, suscitait le plus souvent un haussement d'épaules. Dans l'esprit de cette époque, le travail du philosophe consistait presque exclusivement à travailler des concepts, à construire des analyses, à produire les cours et les livres qui les mettaient en oeuvre. Cette production théorique mise à part, qui se préoccupait de philosophie était censé vivre comme tout le monde, sans rapport avec ses élaborations intellectuelles. C'est ce paysage que Pierre Hadot a changé. Il a rappelé, de livre en livre, pour les chercheurs comme pour le grand public, combien la philosophie consistait, avant toute chose, en une conversion existentielle.

Au coeur de la démarche philosophique se tient selon lui un changement profond, concerté et volontaire, dans la manière d'être au monde. Pierre Hadot l'a souligné en montrant combien, chez les épicuriens et les stoïciens notamment, il s'agissait de se transformer, de métamorphoser sa manière de vivre par un long et constant travail sur soi-même.

Telle fut sa leçon centrale, éclairée avec une force et une ténacité incomparables : la tâche première du philosophe, dans l'Antiquité, était de changer sa vie, non de produire des écrits, ou même de travailler des concepts. Quand le philosophe donne des cours ou rédige des textes, c'est pour se soutenir lui-même dans cette métamorphose, ou pour aider ses disciples.

Cette perspective est devenue familière. A tel point qu'on oublie parfois combien c'est au long chemin de Pierre Hadot qu'on doit l'essentiel de ces idées, répandues à présent sous mille formes, voire mille déformations : la philosophie est "thérapie de l'âme", cheminement vers le bonheur du sage, travail affectif autant qu'intellectuel pour se dépouiller de l'angoisse, des passions, de l'illusoire et de l'insensé. Manière de vivre, et non simple façon de discourir.

Le plus souvent, on ignore à travers quelle longue et lente élaboration cette mutation s'est préparée, dans le parcours singulier de ce penseur de fond qui a traversé le XXe siècle en solitaire. Né à Paris, en 1922, dans une famille très catholique, Pierre Hadot a connu, à Reims, "une enfance à l'eau bénite", comme il le souligne dans des entretiens autobiographiques parus en 2001. Sa mère n'imaginant pas qu'il puisse devenir autre chose, il entre au petit séminaire à l'âge de 10 ans et se retrouve ordonné prêtre en 1944. Il commence à travailler au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en 1949, quitte l'Eglise en 1952, se marie alors une première fois, avant de divorcer et d'épouser, par la suite, la philosophe Ilsetraut Hadot.

Son temps de labeur est marqué à la fois par l'austérité de l'érudition et par les libres explorations personnelles. Sur le versant érudit, Pierre Hadot fait l'apprentissage des manuscrits, découvre la nécessité d'établir scrupuleusement les textes.

DE PLOTIN À WITTGENSTEIN

Il consacre de nombreuses années de patience à Marius Victorinus, un rhéteur romain du IVe siècle qui a traduit le philosophe néoplatonicien Plotin (IIIe siècle). Dans le même temps, il fréquente Jean-Pierre Vernant ou Louis Dumont, et explore notamment l'oeuvre de Wittgenstein dont il fut, à la fin des années 1950, l'un des premiers commentateurs et traducteurs en France.

En 1963, le savant se fait connaître du public par un petit livre exemplaire de clarté et de puissance, Plotin ou la simplicité du regard (Gallimard), qui demeure aujourd'hui une des meilleures introductions possibles au néoplatonisme et à ce philosophe de l'expérience mystique.

Devenu en 1964 directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études, le chercheur poursuit son labeur dans l'ombre, avant d'être élu en 1982, à 60 ans, à la chaire d'histoire au Collège de France. L'initiative en revient à Michel Foucault, dont les derniers ouvrages furent influencés par une lecture très personnelle des travaux de Pierre Hadot. Ce dernier avait notamment mis en lumière, dans une série d'études, la pratique des "exercices spirituels" dans la philosophie antique.

Là aussi, le point de départ est simple et les conséquences nombreuses. La vie philosophique exige un entraînement, une série de pratiques mentales destinées à faire passer les préceptes dans la réalité vécue. Pierre Hadot montre alors comment de nombreux textes antiques - de Platon, d'Aristote, de Sénèque, de Marc Aurèle - sont à lire moins comme des développements théoriques que comme des exercices de retour sur soi, de concentration sur l'instant présent, d'examen de sa conduite.

Loin de se limiter à l'Antiquité, ces exercices traversent toute l'histoire. En 2008, avec N'oublie pas de vivre. Goethe et la tradition des exercices spirituels (Albin Michel), le philosophe insiste sur la pérennité de cet entraînement spirituel. On le retrouve, sous des formes diverses, chez Nietzsche, Bergson ou Wittgenstein, dont les "jeux de langage" sont aussi des exercices de ce type. C'est donc également la philosophie moderne, qu'il connaissait magistralement, que Pierre Hadot incite à regarder d'un oeil neuf. Descartes se préoccupe d'une modification de nous-mêmes et de nos actions par la philosophie, Spinoza conclut l'Ethique par la béatitude du sage, Schopenhauer se soucie de l'existence...

Ce grand bouleversement des perspectives a entraîné une cascade de conséquences. Quelques-unes sont regrettables, des esprits débiles ayant conclu que vivre et penser sont une seule chose. Le génie de Pierre Hadot fut au contraire de ne jamais confondre les concepts et les temps de la vie, mais de souligner sans cesse leur difficile interaction, en rappelant continûment les allers-retours nécessaires d'un registre à l'autre. En outre, sa vertu fut de refuser d'être un gourou : "J'ai toujours pensé que mon rôle n'était pas de dire ce qu'il convient de faire", confiait-il dans l'une de ses dernières interviews. Il lui suffisait d'avoir la science limpide.

Car la marque suprême de cet esprit fut l'exacte clarté, l'écriture sans contorsion, l'explication juste et nette, présentes dans tous ses textes, même les plus spécialisés. L'immense succès de Qu'est-ce que la philosophie antique ? (Gallimard, Folio, 1995) est dû aussi à l'élégance d'une plume absolument sobre. Conforme à sa pensée, cette sobriété se retrouvait évidemment dans son existence quotidienne, traversée de joies intenses parce qu'élémentaires. Malgré cela, Pierre Hadot n'aimait pas qu'on parle de lui comme d'un sage. C'est sans doute le seul point sur lequel il avait tort.

Roger-Pol Droit - Le Monde

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Leo Strauss on Heidegger: 5 crucial texts

A group of essays written by Leo Strauss, originally published separately. These essays confront either explicitly or indirectly the radical historicism of Martin Heidegger. Strauss presents the classical idea of the philosophic life over against Heidegger's committed and spirited kind of "thinking" and his conscientious, single minded reflections on man's finitude and the abyss (i.e. Dasein, authentically experienced). Strauss also, in the essay entitled "Existentialism", carefully & sympathetically probes the intention of Heidegger's thought as a whole, following it's complete trajectory. Heidegger's thinking, Strauss shows us, is the powerful effectual core of "Existentialism." Strauss' lecture on "German Nihilism" provides an authentic firsthand witness' account of the spiritual background of Heidegger's revolution and the moods to which it appealed, as prepared by Nietzsche and Kierkegaard. The essay on "Philosophy as Rigorous Science" concerns the hopeful solutions of Husserl, which point to the grim crisis Heidegger faced, but in which Husserl does not abandon liberalism. In the essay on "Relativism", Strauss descends from a superficial, popular, & academic relativism (nihilism), pervasive within Liberal Democracy (and the University), into the serious, profound, and self-conscious relativism of Existentialism, beginning with Nietzsche and ending with Heidegger.

Finally, Strauss brings the classical understanding of man in all its noble serenity & grandeur to bear upon Heidegger's radical Historicism, recalling Nietzsche's philosophic attack, in the essay entitled "The Problem of Socrates". An essay by Allan Bloom on the intellectual biography of Strauss is also here included.

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Les notions aux programmes de philosophie des classes terminales

Cette page permet d'accéder directement à des textes ou à des questions traités en rapport avec les notions du programme concernées. C'est une ressource orientée vers la préparation des élèves aux sujets du baccalauréat.

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Laurent Feneyrou: …dans le rêve, l’existence s’éveille… Jean Barraqué — Michel Foucault

Michel Foucault échappa à l’influence de la phénoménologie et du marxisme à travers la musique, dont le rôle fut, dit-il, aussi important que la lecture de Nietzsche. « Si mes souvenirs sont exacts, je dois la première grande secousse culturelle à des musiciens sériels et dodécaphonistes français — comme Boulez et Barraqué — auxquels j’étais lié par des rapports d’amitié. Ils ont représenté pour moi le premier « accroc » à cet univers dialectique dans lequel j’avais vécu [3]. » [lien]

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Henry Maldiney: « Sens et essence du monde et du moi onirique » dans Rêve et Existence de Ludwig Binswanger

Henry Maldiney: « Sens et essence du monde et du moi onirique » dans Rêve et Existence de Ludwig Binswanger. PSN, Volume 5, Supplement 1 / June, 2007

Cette méditation sur l’un des essais les plus connus de Ludwig Binswanger a pour objectif d’expliciter le mode d’existence du sujet dans le monde onirique et, partant, le mode de manifestation de ce monde lui même. À propos de celui-ci, l’auteur souligne que ce qui importe dans sa forme d’expression n’est pas tant le fait qu’elle soit composée d’images mais que celles-ci soient dépourvues de toute syntaxe — ce qui lui confère un caractère tout à la fois global et perfectif qui explique que rien n’y soit vraiment décidé par le moi du rêveur. Son espace est en effet privé d’horizons, de perspectives ou de tout point de vue situé. Et sa temporalité est encore en gestation (chronogénétique), dans l’ignorance de la tripartition entre présent, passé et avenir. D’où son caractère processuel et son absence de structures. D’où également son caractère de familière étrangeté, lié au fait que tout y survient en écho au passé du rêveur, mais sous la forme d’une fatalité inexorable. Car si le moi rêvant est bien lové dans ce monde, il s’y trouve encore sur un mode d’existence impersonnel, qui ne décide pas d’ellemême, qui n’affronte pas ce qui advient. L’étrangeté rencontrée n’est pas celle d’un autrui, mais celle de cet autre que le moi est pour lui-même. Le rêve est donc l’occasion pour l’homme de faire l’épreuve de son existence dans ce qu’elle comporte encore de non décidé, que Freud appelle le ça et Schelling le Gemüt, là où le moi n’est pas encore devenu personne. Ce n’est qu’à l’état vigile que l’homme peut intégrer ce moi encore inchoatif et lui assigner une destination.

Mots clés: Existence, crise - Monde onirique/monde vigile - Temps et espace - Sujet impersonnel - Altérité de soi à soi

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Jean Barraqué : Écrits

Jean Barraqué : Écrits (Publications de la Sorbonne, 2001)

avec la participation de Laurent Feneyrou, François Leclerc, François Nicolas, Alexandre Tissier et Franck Christoph Yeznikian

Interventions disponibles :

§ Laurent Feneyrou : ...dans le rêve, l’existence s’éveille...

§ Franck C. Yeznikian : Jean Barraqué : de l’écrit, le devenir

§ Alexandre Tissier : Les écrits de Barraqué face à ceux de ses contemporains

§ François Nicolas :

§ Ce que les écrits de Barraqué nous apprennent en matière d’intellectualité musicale

§ Quelques questions (compte rendu sommaire d’une discussion)

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Toni Negri e Felix Guattari: Pensar y vivir de otro modo. Propuestas

El resentimiento, la repetición vacía, el sectarismo son las modalidades en que vivimos las esperanzas traicionadas por el movimiento obrero tradicional. No por ello renegamos de la historia de las luchas; es más, por el contrario, la exaltamos porque forma parte integrante de nuestras coordenadas men­tales y de nuestra sensibilidad. Aunque fuéramos enanos so­bre los hombros de los que fueron gigantes, queremos asumir tanto los frutos como los aspectos deplorables de su herencia. De todos modos, queremos ir más allá. Reanudándonos con las raíces humanas del comunismo, queremos volver a las fuentes de la esperanza, es decir, a un «ser para», a una intenciona­lidad colectiva, dirigida al hacer antes que a un «ser contra», estibado en los ritornelos impotentes del resentimiento.

Es en la historia real donde queremos explorar y experi­mentar la multitud de universos de lo posible que nos incitan por todas partes. ¡Que broten mil flores en el terreno que la destrucción capitalista pretende minar! ¡Que mil máquinas de vida, de arte, de solidaridad y de acción barran la arrogancia estúpida y esclerótica de las viejas organizaciones! Qué im­porta si el movimiento tropieza con su propia inmadurez, con su «espontaneismo» - al final su potencia de expresión se verá reforzada. Sin darse cuenta siquiera, y pese a la amplitud de los movimientos moleculares que le agitan, las líneas de cris­talización organizativa que se ponen en marcha se orientan en el sentido de las nuevas subjetividades colectivas.

«Que broten mil flores, mil máquinas de lucha y de vida» no es una consigna de organización y, mucho menos, una pré­dica de iluminado, sino una clave analítica de la nueva subje­tividad revolucionaria, un dato a partir del cual se podrán re­cobrar las características sociales y las dimensiones de singu­laridad del trabajo productivo. A través del análisis de lo real se recompondrán y se multiplicarán como instancia subversi­va e innovadora. El enemigo se ha encarnado en las formas actuales de mando social, mediante el aplastamiento de las diferencias, la imposición de la lógica reductiva del dominio. Poner de relieve la hegemonía de los procesos de singulariza­ción en el horizonte de la producción social constituye hoy la característica específica de la lucha política comunista.

El desarrollo, la defensa y la expresión de las subjetivida­des productivas mutantes, de las singularidades disidentes y de los nuevos agenciamientos proletarios se han convertido, de algún modo en la materia prima y la primera tarea del mo­vimiento. Esto podrá cobrar la forma de la lucha en el frente del Welfare, por la determinación de un rédito igualitario garantizado, contra la miseria en todas sus formas, por la defen­sa y la ampliación de los derechos de los alternativos, contra los mecanismos de división corporativa... Se retomará aquí, si se quiere, la tradición de las luchas contra la renta, salvo que ésta ya no sólo lo es del suelo, inmobiliaria y financiera, sino que se apoya, esencialmente, en la articulaciones del mando capitalista y se trata por tanto de renta política, de renta de posición en la jerarquía de los estratos corporativos. Las nue­vas componentes subjetivas de la producción y la revolución encontrarán su primer campo de intervención en este registro, que redefinirán de manera positiva como lucha de liberación contra la esclavitud corporativista y las estructuras reaccionarias de la producción y afirmación de los procesos de singula­ridad, como impulso esencial de la producción social.

Esta recomposición del movimiento revolucionario impli­ca, desde luego, inmensos esfuerzos de coraje, de paciencia, y sobre todo, de inteligencia. ¡Pero qué progreso, ya, en rela­ción a los períodos anteriores de lucha - incansable y a menu­do desesperada- de los primeros grupos conscientes de esta problemática, que sólo rara vez lograban abrir brechas en el ghetto sindical o en el monopolio político de los supuestos partidos obreros! También aquí, el tiempo de vida debe impo­nerse al tiempo de la producción. En esta encrucijada se plan­teará <">la segunda tarea del movimiento comunista revolucio­nario: la organización consciente de la fuerza de trabajo co­lectiva independientemente de las estructuras capitalistas y/o socialistas, dicho de otro modo, la organización de todo lo que atañe a la producción y la reproducción del modo de vida. En efecto, una cosa es revelar las nuevas fuerzas productivas so­ciales, y otra organizarlas desde fuera y contra las estructuras capitalistas y/o socialistas. El desarrollo de la ciencia y de las técnicas y su incorporación masiva en este programa de trans­formación son condiciones necesarias, pero no suficientes. No es concebible ninguna transformación si el conjunto del cam­po del trabajo productivo no se ve atravesado por grandes mo­vimientos de experimentación colectiva que rompan las con­cepciones relativas a la acumulación centrada en el beneficio capitalista. En esta dirección debe comprenderse la potencia de expansión de la fuerza colectiva de trabajo. De este modo, se establecerá un doble movimiento, que recuerda al del corazón humano, entre la diástole de la fuerza expansiva de la producción social y la sístole de la innovación y la reorganización radical de la jornada de trabajo. El movimiento del proletaria­do social y de las nuevas subjetividades colectivas debe asal­tar las empresas, tos envites relativos la legislación sobre el tiempo de la jornada de trabajo e imponer sus redefiniciones y su experimentación permanente. Deben imponer, no sólo una renovación de la producción, sino además modos innovadores de imaginar y estudiar la producción.

Pensar, vivir experimentar y combatir de otro modo: esta será la divisa de una clase obrera que ya no puede percibirse con «autosuficiencia» y que tiene todo que ganar en la renun­cia a sus mitos arrogantes de centralidad social. Apenas se haya acabado con ese género de mistificaciones, que, a fin de cuentas, no han hecho más que favorecer a las formaciones de poder capitalistas y/o socialistas, se descubrirá el alcance in­menso de las nuevas líneas de alianza que anudan ?relevos? sociales multiformes y multivalentes en el seno de las fuerzas productivas de nuestros tiempos. Ya es hora de que la imagi­nación del comunismo se ponga a la altura de las olas transfor­madoras que están en condiciones de sumergir a las viejas «rea­lidades» dominantes.

Ahora, debemos introducir algunas consideraciones en tor­no a una primera «proposición diagramática» que integre la definición de las perspectivas propuestas hasta este momento. Es absolutamente obvio que todo intento de controlar, por parte del movimiento de las nuevas subjetividades, el tiempo de la jornada de trabajo, no sería sino ilusorio si no choca frontalmen­te con la red de mando dispuesta por el CMI.

Atacar esta red significa poner en cuestión la relación Este-Oeste, hacer que descarrile el mecanismo de integración entre las dos superpotencias que ha sobrecodificado, desde los años 70 hasta hoy, todas las relaciones internacionales. La ruptura de la relación de dominio establecida fatigosamente entre el capitalismo y el socialismo y la inversión radical de las alian­zas - en particular europeas- en la dirección del eje Norte-Sur, contra el eje Este-Oeste, constituyen una base esencial de la recomposición del proletariado intelectual y obrero en los países capitalistas avanzados. Una base de producción social que conquistará su independencia contra la opresión de la jerar­quía y el mando de las grandes potencias; una base que sólo tiene sentido si se apoya en la voluntad colectiva de crear flu­jos y estructuras alternativas a las relaciones Este-Oeste.

No somos partidarios atrasados del «tercermundismo», no tenemos la pretensión de transformarlo por la vía del «insurrec­cionalismo» tradicional; en esa medida, no creemos apenas en su capacidad independiente de desarrollo y de «rescate», al menos en el contexto capitalista actual. Ninguna revolución triunfante en los países desarrollados logró transformar de modo duradero las estructuras del Estado. ¡Es poco probable que las del Tercer Mundo lo consigan! No, antes conviene ten­der hacia la cooperación revolucionaria y la agregación de las fuerzas del proletariado intelectual y obrero del Norte con la masa inmensa del proletariado del Sur para desplegar esta tarea histórica. Todo esto puede parecer utópico, extravagante incluso, porque hoy nosotros, los obreros y los intelectuales de los países del Norte, somos esclavos de la política corpora­tiva, de las divisiones segmentarias, de la lógica del beneficio, de las operaciones de subdivisión y de exterminio, de la obse­sión por la guerra nuclear, tal y como se nos imponen y de las que nos hacemos cómplices. Nuestra liberación pasa por el alumbramiento de un proyecto y de una práctica que unifi­quen, en una misma voluntad revolucionaria, a las fuerzas in­telectuales y al proletariado del Norte y del Sur

A medida que la conjunción de los procesos de singulari­dad avance en el proyecto de reinvención del comunismo, se planteará con mayor agudeza el problema del poder, que per­manece en el corazón del antagonismo entre las componentes proletarias y el Estado capitalista y/o socialista. El movimien­to obrero tradicional pensaba que podía responder a esta cues­tión de manera simple y radical con la conquista del poder estatal, y luego con la progresiva extinción de este último ¡Todo sería así de fácil! ¡Se opondría la destrucción a la des­trucción y el terror al terror! ¡Es inútil hacer comentarios hoy sobre el carácter ficticio y mistificador de esa dialéctica! ¡Es inútil subrayar lo escandaloso de la referencia de los partida­rios de semejante doctrina a la experiencia heroica de la «Co­muna de París»

La tercera tarea fundamental del movimiento comunista revolucionario consiste en acabar con ese género de mistifica­ciones y en afirmar la <">separación radical del movimiento no sólo del Estado con el que se enfrenta directamente, sino, más fundamentalmente, con el modelo mismo del Estado capita­lista y de todos sus sucedáneos, ersatz, formas derivadas y funciones ramificadas en todos los mecanismos del socius, a todos los niveles de la subjetividad. A las luchas sobre el Welfare, contra la organización del trabajo productivo y el tiempo de trabajo social, a las iniciativas comunitarias en este te­rreno se añade entonces el cuestionamiento radical del Esta­do, como clave modeladora de las diversas figuras de la opre­sión, como máquina de sobredeterminación de las relaciones sociales, para reducirlas, subdividirías, someterlas radicalmente bajo la amenaza de sus fuerzas de muerte y destrucción.

Este problema nos lleva a formular una segunda proposi­ción diagramática del comunismo y la liberación. Atañe a la urgencia de una reterritorialización de la praxis política. Enfrentarse al Estado, hoy, significa luchar contra esa figura par­ticular de Estado totalmente integrada en el CMI. A partir de Yalta, las relaciones políticas se han vaciado cada vez más de legitimidad territorial, han ido a la deriva hacia niveles imposibles de aferrar. El comunismo representa la destrucción tenden­cial de mecanismos que hacen del dinero y de los demás equi­valentes abstractos los únicos territorios del hombre. Esto no implica en absoluto una nostalgia de las «tierras natales», el sueño de un retorno a las civilizaciones primitivas o al su­puesto comunismo del «buen salvaje». ¡No se trata de volver a cuestionar los niveles de abstracción que los procesos desterritorializados de producción han hecho conquistar al hombre!

Lo que el comunismo contesta es el tipo de reterritorializa­ción conservadora, degradante, opresiva, impuesta por el Es­tado capitalista y/o socialista, con sus funciones administrati­vas, sus órganos institucionales, sus equipamientos colectivos de normalización y subdivisión, sus média, etc. La reterritoriali­zación operada por la praxis comunista es de naturaleza total­mente distinta; no pretende volver a un punto de partida natu­ral y universal; no es una revolución circular; permite «despe­gar» de las realidades y de los significados dominantes, crean­do condiciones que permitan a los hombres «construir su te­rritorio», conquistar su destino, individual y colectivo, dentro de los flujos más desterritorializados.

(Desde este punto de vista se distinguirán muy concreta­mente: los movimientos de reterritorialización nacional, Vas­cos, Palestinos, Kurdos..., que asumen, hasta cierto punto, los grandes flujos desterritorializados de las luchas del Tercer Mundo y de los proletariados inmigrantes, y los movimientos de reterritorialización nacionalista reaccionaria.)

Nuestro problema es reconquistar espacios comunitarios de libertad, de diálogo y de deseo. Muchos de ellos comienzan a proliferar por diversos países de Europa. Pero se trata de cons­truir, contra las pseudo reterritorializaciones del CMI (ej. : la «descentralización» en Francia, o la Europa de los Diez1) un formidable movimiento de reterritorialización de los cuerpos y los espíritus: Ea ropa debe reinventarse como reterritorializa­ción de la política y como base de la inversión de las alianzas sobre el eje Norte-Sur.

La tercera tarea del movimiento comunista revolucionario es también, por tanto, desarticular y desmantelar las funcio­nes represivas del Estado y de sus cuerpos especiales. Es el único terreno en el que los nuevos sujetos colectivos se cruzan con las iniciativas del Estado y únicamente en la medida en que este último envía a sus «caballeros teutones» a las tierras liberadas por los agenciamientos revolucionarios. ¡Cuánta fuer­za de amor y de humor habrá que poner aquí en acción para que estas no se abolan, como de costumbre, en la imagen lu­nar, mortalmente abstracta y simbólica, de su adversario capi­talista! La represión es antes que nada desarraigo y perversión de lo singular. Se trata de combatirla en el terreno de las rela­ciones de fuerza localizables en lo real; se trata además de deshacerse de ella en los registros de la inteligencia, la imagi­nación, la sensibilidad y la felicidad colectivas. Se trata de extraer de todas partes, incluso de sí mismos, las potencias de implosión y desesperación que vacían de su sustancia a lo real y a la historia.

¡Que el Estado, por su parte, viva el resto de su vida en el aislamiento y el cerco que le reserva una sociedad civil reconstruida! Pero, si da muestras de salir de su «reserva» y de reconquistar nuestros espacios de libertad, entonces respon­deremos sumergiéndolo con un nuevo género de movilización general, de alianzas subversivas multiformes Y esto hasta que reviente ahogado en su furor

La cuarta tarea Aquí volvemos, y era inevitable a la lucha antinuclear y a la lucha por la paz Solo ahora sobre un paradigma que pone de manifiesto las implicaciones catastróficas de la posición de la ciencia en relación al Estado posición que presupone una disociación entre la «legitimidad» del poder y la finalidad de la paz.

¡Qué siniestra burla, de verdad, la de los Estados que acu­mulan millares de cabezas nucleares en nombre de su respon­sabilidad de garantizar la paz y el orden internacional Cuan­do es evidente que esta acumulación no podría garantizar otra cosa que la destrucción y la muerte. Pero esta última legitima­ción «ética» del Estado, a la que la reacción se aferra como a un bastión, está, además, derrumbándose, y no sólo en el plano teórico, sino en la consciencia de los que saben o presien­ten que la producción colectiva, la libertad y la paz son, en su movimiento, esencialmente irreductibles al poder.

Impedir la catástrofe que el Estado trae consigo, dejando claro hasta qué punto le es esencial. Sigue siendo cierto que «el capitalismo trae la guerra como las nubes la tormenta». Pero, a diferencia con el pasado, con otros medios y en un horizonte de horror que escapa toda posible imaginación, la perspectiva del holocausto final se ha convertido, en efecto, en una base a partir de la cual se despliega la verdadera guerra civil mundial, conducida por el poder capitalista y constituida por mil guerras permanentes, purulentas, pulverizadas, contra las luchas de emancipación social y las revoluciones molecu­lares. Sin embargo, en este campo, como en ningún otro, nada es fatal. Las victorias y las derrotas de las nuevas líneas de alianza del movimiento no están inscritas en ningún caso en una causalidad mecanicista o una supuesta dialéctica históri­ca. Está todo por rehacer, hay que retomarlo todo constantemente. ¡Y está bien que así sea! El Estado no es más que un monstruo frío, un vampiro de agonía interminable que sólo saca su vitalidad de los que se abandonan a sus simulacros.

En el 68 nadie podía imaginar que la guerra se convertiría tan rápidamente en una horizonte tan cercano e invasor. Hoy, la guerra ya no es sólo una perspectiva: se ha convertido en el marco permanente de nuestra vida.

La tercera guerra mundial imperialista ya ha comenzado. Una guerra que dura sin duda treinta años, que, precisamente como la Dreissigjahre Krieg, ya nadie puede reconocer, aun­que se haya convertido en el pan cotidiano de las primeras páginas de la prensa. Este es el resultado de la reestructura­ción capitalista y de sus furiosos asaltos contra los proletaria­dos planetarios. La tercera proposición diagramática del co­munismo y la liberación consiste en la toma de consciencia de esta situación y en la asunción de la problemática de la paz como base fundamental de los procesos de inversión de las alianzas sobre el eje Norte-Sur. ¡Hoy menos que nunca la paz es una consigna vacía; una fórmula de «alma bella», una ins­piración vaga!

La paz es el alfa y omega del programa de la revolución. La angustia de la guerra se nos mete dentro, corrompe nues­tros días y nuestras noches.

¡Hay tanta gente que se refugia en la política del avestruz! Pero también esa inconsciencia genera angustia. El comunis­mo arrancará a los hombres y a las mujeres a la bestialidad programada del CMI y les pondrá frente a la realidad de esa violencia y esa muerte, que la especie humana puede vencer si logra conjugar sus potencialidades singulares de amor y ra­zón

Y, finalmente, a estas líneas de alianza de los agenciamien­tos productivos y de las subjetividades colectivas liberadas deberá añadirse una quinta dimensión de la que ya hemos hablado ampliamente -, la de la organización. Ya es hora de pasar de la resistencia dispersa a la constitución de frentes de lucha determinados y de máquinas de lucha que, para ser efi­caces, no perderán nada de su riqueza, de su complejidad, de la multivalencia de deseos que las guían. Nos toca a nosotros trabajar por esa transición.

Resumiendo: cinco tareas aguardan a los movimientos fu­turos: la redefinición concreta del régimen salarial; la asun­ción del control y la liberación del tiempo de la jornada de trabajo; una lucha permanente contra las funciones represivas del Estado; la construcción de la paz y la organización de má­quinas de lucha capaces de asumir estas tareas.

Estas tres tareas están «diagramatizadas» por tres propo­siciones: contribuir a la reorientación de las líneas de alianza del proletariado según el eje Norte-Sur; conquistar e inventar nuevos territorios de deseo y de acción política, radicalmente desmarcados del Estado y el CMI; luchar contra la guerra y trabajar por la construcción del movimiento revolucionario del proletariado por la paz.

Aún estamos lejos de haber salido de la tormenta, todo hace pensar que el final de los «años de plomo» estará jalonado aún por duras pruebas; pero con lucidez, sin ningún mesianis­mo, proyectamos la reconstrucción de un movimiento revolu­cionario y de liberación más eficaz, más inteligente, más hu­mano, más sonriente que nunca.

Roma, prisión de Rebibbia/París, 1983-84.

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José Carlos Michelazzo: O natural e o humano no pensamento do jovem Heidegger

José Carlos Michelazzo: O natural e o humano no pensamento do jovem Heidegger. Nat. hum. v.7 n.2 São Paulo dez. 2005
Embora saibamos que, nos passos iniciais do itinerário do pensamento de Heidegger, não haja um tratamento formal do conceito de natureza, existe, contudo, uma interpretação crítica do conceito naturalista do ser, pertencente à tradição metafísica, que o filósofo quer ultrapassar em direção a uma outra perspectiva de pensamento, guiada por uma fenomenologia hermenêutica e nascida do caráter humano de ser do homem, isto é, das condições ontológico-fácticas de sua existência. O presente artigo procura indicar o contraponto entre esses dois modos de interpretação do ser, o natural e o humano, acompanhando os passos mais significativos dados pelo jovem Heidegger entre 1907, época de seu despertar para a filosofia, e meados dos anos 20, ocasião de suas pesquisas sobre o cristianismo primitivo e sobre escritos práticos sobre Aristóteles.

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Martin Heidegger: A sentença nietzschiana "Deus está morto"

Heidegger, Martin. A sentença nietzschiana "Deus está morto". Nat. hum. v.5 n.2 São Paulo dez. 2003


O seguinte esclarecimento procura indicar o ponto a partir do qual, talvez, possa vir a ser colocada um dia a pergunta pela essência do niilismo. O esclarecimento provém de um pensamento que começa pela primeira vez a ganhar nitidez quanto à posição fundamental de Nietzsche no interior da história da metafísica ocidental. O aceno evidencia um estágio da metafísica ocidental que é supostamente o seu estágio final, uma vez que outras possibilidades não se fazem mais visíveis. A metafísica é de certa maneira despojada de sua própria possibilidade essencial por Nietzsche. À metafísica não resta, em meio à inversão empreendida por Nietzsche, senão a conversão em sua inessência. O supra-sensível transforma-se em um produto sem subsistência do sensível. Este renega porém a própria essência com essa degradação de seu contraposto. A destituição do supra-sensível afasta também o meramente sensível, e, com isso, a diferença entre ambos. A destituição do supra-sensível desemboca em um nem-nem em relação à distinção entre sensível (aÆsqhtog) e supra-sensível (nohton). A destituição termina no sem-sentido. Ela permanece, contudo, a pressuposição impensada e insuperável das tentativas cegas de escapar do sem-sentido através de uma simples dotação de sentido.

A metafísica é pensada a seguir por toda parte como a verdade do ente enquanto tal na totalidade, não como a doutrina de um pensador. Este tem respectivamente a sua posição filosófica fundamental no interior da metafísica. A metafísica pode ser por isso denominada junto com o seu nome. Segunda a essência aqui pensada da metafísica, isso não diz contudo, de modo algum, que a respectiva metafísica seja a realização e a propriedade do pensador enquanto uma pessoa no âmbito público da criação cultural. Em toda e qualquer fase da metafísica torna-se visível, a cada vez, um pedaço do caminho que o destino do ser conquista para si em rompantes epocais da verdade sobre o ente. Nietzsche mesmo interpreta metafisicamente o curso da história ocidental; e o interpreta enquanto o surgimento e o desdobramento do niilismo. O acompanhamento atento da metafísica nietzschiana transforma-se em uma meditação acerca da conjuntura e do lugar do homem atual, que ainda permanecem diminutamente experimentado em relação à sua verdade. Toda meditação desse tipo lança-se, porém, caso não se mantenha apenas um relatório que se repete de modo vazio, para além do que fornece o horizonte de vigência da meditação. O lançar-se para além não é, sem mais, um sobrepujar ou quiçá um exceder, nem tampouco como que um superar. O fato de meditarmos sobre a metafísica nietzschiana não significa que consideramos agora, ao lado de sua ética e de sua teoria do conhecimento e de sua estética, também e antes de tudo, a metafísica, mas sim que tentamos levar Nietzsche a sério enquanto pensador. Para Nietzsche, entretanto, pensar também diz: representar o ente enquanto o ente. Todo pensamento metafísico é onto-logia ou não é absolutamente nada. (...)

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"All testing, all confirmation and disconfirmation of a hypothesis takes place already within a system. And this system is not a more or less arbitrary and doubtful point of departure for all our arguments; no it belongs to the essence of what we call an argument. The system is not so much the point of departure, as the element in which our arguments have their life."
- Wittgenstein

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"Le poète ne retient pas ce qu’il découvre ; l’ayant transcrit, le perd bientôt. En cela réside sa nouveauté, son infini et son péril"

René Char, La Bibliothèque est en feu (1956)


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