Philippe Chevallier: La spiritualité politique, Michel Foucault et l’Iran
>> –
foucault
Chevallier, Philippe. La spiritualité politique, Michel Foucault et l’Iran. Projet 2004/4 (n° 281)
Michel Foucault se rend à deux reprises en Iran, en septembre et novembre 1978, comme reporter pour le Corriere della sera. Malgré une répression policière sans merci, le peuple est dans la rue pour protester contre le régime du chah. Les religieux chiites ont rallié derrière eux toutes les catégories socioprofessionnelles et tous les partis d’opposition, des libéraux aux marxistes. Certains observateurs préfèrent voir dans l’Islam un refuge temporaire, une cristallisation passagère ; Foucault choisit de penser l’événement à nouveaux frais. Dans l’un des articles qu’il publie à l’automne, alors que le chah n’hésite pas à faire tirer sur la foule, le philosophe-reporter se demande : « Quel sens, pour les hommes qui habitent [la terre d’Iran], à rechercher au prix même de leur vie cette chose dont nous avons, nous autres, oublié la possibilité depuis la Renaissance et les grandes crises du christianisme : une spiritualité politique. J’entends déjà des Français qui rient, mais je sais qu’ils ont tort.
Il reste à définir cette spiritualité politique qui fait trembler un despote. La définition est d’autant moins évidente que nous sommes ici bien avant le retour triomphal de Khomeyni, le 1er février 1979, et la proclamation de la république islamiste, le 31 mars. Dans les articles de Foucault, relevons deux manières d’aborder cette notion. [lire le texte]
Michel Foucault se rend à deux reprises en Iran, en septembre et novembre 1978, comme reporter pour le Corriere della sera. Malgré une répression policière sans merci, le peuple est dans la rue pour protester contre le régime du chah. Les religieux chiites ont rallié derrière eux toutes les catégories socioprofessionnelles et tous les partis d’opposition, des libéraux aux marxistes. Certains observateurs préfèrent voir dans l’Islam un refuge temporaire, une cristallisation passagère ; Foucault choisit de penser l’événement à nouveaux frais. Dans l’un des articles qu’il publie à l’automne, alors que le chah n’hésite pas à faire tirer sur la foule, le philosophe-reporter se demande : « Quel sens, pour les hommes qui habitent [la terre d’Iran], à rechercher au prix même de leur vie cette chose dont nous avons, nous autres, oublié la possibilité depuis la Renaissance et les grandes crises du christianisme : une spiritualité politique. J’entends déjà des Français qui rient, mais je sais qu’ils ont tort.
Il reste à définir cette spiritualité politique qui fait trembler un despote. La définition est d’autant moins évidente que nous sommes ici bien avant le retour triomphal de Khomeyni, le 1er février 1979, et la proclamation de la république islamiste, le 31 mars. Dans les articles de Foucault, relevons deux manières d’aborder cette notion. [lire le texte]