Lorelle: L’intercorporéité au-delà du « je peux » : Husserl, Merleau-Ponty et Levinas

Cet article entend faire se confronter deux fameux motifs de la tradition phénoménologique inaugurés par Husserl et développés par Merleau-Ponty : (1) le motif du « je peux » comme mode distinctif du corps propre (Leib) ; (2) et le motif de l’intercorporéité comme mode originaire de l’intersubjectivité. L’intercorporéité implique-t-elle le « je peux » comme unique mode de la corporéité ? « Tout ce que je vois par principe est à ma portée, écrit Merleau-Ponty, du moins à la portée de mon regard, relevé sur la carte du “je peux” »1. Mais qu’en est-il donc du corps d’autrui ?
Paula Lorelle, « L’intercorporéité au-delà du « je peux » : Husserl, Merleau-Ponty et Levinas », Alter [En ligne], 23 | 2015, mis en ligne le 01 décembre 2017, consulté le 27 octobre 2019. URL : http://journals.openedition.org/alter/392 ; DOI : 10.4000/alter.392

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Petit: Le tournement diltheyen de la Phénoménologie

« Comprendre le texte » implique « se comprendre face au texte », et réciproquement : chaque progrès en familiarité avec le texte exige et dénote à la fois un minimum d’approfondissement de soi.

Que signifie cette mystérieuse corrélation de deux pôles mutuellement constituants, un pôle subjectivité – le soi du lecteur – et un pôle objectivité – le monde du texte.

Pour mieux comprendre cette relation soi-monde, je me propose de revenir sur la connexion entre phénoménologie et herméneutique qui résume toute l’entreprise de Ricoeur et de l’éclairer sur le point que voici : on est enclin à voir comme une divergence majeure par rapport à l’esprit de la phénoménologie originelle l’inflexion – que l’on pourrait qualifier de « diltheyenne » – que Ricœur lui a imprimée en l’orientant vers le dialogue avec les sciences humaines1. Et, par contrecoup, on sera tenté de reprocher à Husserl de s’être enferré dans une voie intuitionniste et égologique l’aveuglant sur la dimension symbolique et langagière de l’expérience2. Or, une étude précise du dernier volume publié des oeuvres complètes de Husserl – Husserliana XXXIX, volume qui donne un choix de textes posthumes sur sa théorie de la Lebenswelt contemporaine de la transition entre les Méditations cartésiennes et la Krisis3 – révèle l’importance accordée à Dilthey par Husserl lui-même pour l’intégration de l’histoire et de la culture dans l’horizon d’une expérience subjective fondamentalement centrée sur la perception. Il s’avère que le tournant diltheyen de la phénoménologie remonte, en fait, au Husserl de la dernière période, où la constitution transcendantale du monde perçu est déterminée comme passage du monde muet (stumme Welt), qui est celui du corps sensible, de l’instinct et des kinesthèses du corps agissant, au monde parlant (ausgesprochene Welt) des institutions sociales et des oeuvres de la culture.

Il n’y a en cela rien à retirer aux mérites de Ricoeur, parce que faute d’avoir connaissance de ces textes qui viennent seulement d’être transcrits et édités, il lui a fallu frayer sa propre voie entre description et interprétation, dans un effort pour faire de la phénoménologie l’instrument adéquat de sa confrontation avec les sciences humaines. J’y verrais plutôt un motif d’admiration renouvelée, puisqu’en corrigeant notre perception de son ouverture de la phénoménologie à ces mêmes sciences humaines, nous aurons une nouvelle preuve de la solidité de son enracinement phénoménologique dans le fait que l’option diltheyenne, à laquelle est associée son oeuvre, apparaîtra d’avance inscrite au programme complet de la constitution transcendantale du sens de l’expérience subjective.

[lire le texte de Petit dans over-blog]

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"We are all schoolmasters, and our schoolhouse is the universe"

Thoreau, 15/10/1859

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Le sertão au coeur du monde actuel

Bacurau est le dernier film des réalisateurs brésiliens Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles, qui avaient déjà travaillé ensemble dans des productions acclamées par la critique telles que Les Bruits de Recife (2012) et Aquarius (2016). C’est aussi le nom (fictif) d’un petit village enfoncé dans le sertão du Nordeste brésilien où l’action se déroule, ainsi que celui d’un oiseau nocturne, un peu moche et agressif, qui habite la région. Le film appartient à la nouvelle vague du cinéma du Nordeste brésilien, mais il est aussi l’héritier d’une vaste tradition culturelle qui passe par le Cinéma Nouveau de Glauber Rocha, le cinéma marginal de Rogério Sganzerla, certains sommets de la littérature brésilienne comme João Guimarães Rosa, jusqu’à arriver à quelques motifs-clefs du mouvement musical du Tropicalisme, créé dans les années 1960 par Caetano Veloso, Gilberto Gil, Gal Costa, Tom Zé, parmi d’autres. Bacurau s’assume comme film de genre, sans pour autant se réduire à un seul. Il les croise plutôt et les transgresse, nouant des traditions cinématographiques brésiliennes aux westerns de Sergio Leone et Sam Peckinpah, mais aussi aux films d’action futuriste à la Mad Max (George Miller) et Robocop (Paul Verhoeven), aux films de terreur-trash de George Romero (Night of the living dead) et, surtout, aux films de John Carpenter. Tous ces éléments sont finement adaptés et incorporés à un contexte politique précis et localisé. Le film échappe ainsi aux formules et aux clichés faciles, et ne se rend pas facilement identifiable. Pendant ses 130 minutes il nous laisse parfois perdus, comme en suspension, avec une sensation prolongée de malaise et d’étrangeté, qui ne se dissipera jamais totalement, même pas quand les enjeux deviennent finalement clairs, que l’action se déclenche et atteint un rythme frénétique.
texte de Maria Rita Cesar et André Duarte

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Blog Archive

Lorem Ipsum

"All testing, all confirmation and disconfirmation of a hypothesis takes place already within a system. And this system is not a more or less arbitrary and doubtful point of departure for all our arguments; no it belongs to the essence of what we call an argument. The system is not so much the point of departure, as the element in which our arguments have their life."
- Wittgenstein

Lorem Ipsum

"Le poète ne retient pas ce qu’il découvre ; l’ayant transcrit, le perd bientôt. En cela réside sa nouveauté, son infini et son péril"

René Char, La Bibliothèque est en feu (1956)


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