Henry Maldiney: « Sens et essence du monde et du moi onirique » dans Rêve et Existence de Ludwig Binswanger
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Henry Maldiney: « Sens et essence du monde et du moi onirique » dans Rêve et Existence de Ludwig Binswanger. PSN, Volume 5, Supplement 1 / June, 2007
Cette méditation sur l’un des essais les plus connus de Ludwig Binswanger a pour objectif d’expliciter le mode d’existence du sujet dans le monde onirique et, partant, le mode de manifestation de ce monde lui même. À propos de celui-ci, l’auteur souligne que ce qui importe dans sa forme d’expression n’est pas tant le fait qu’elle soit composée d’images mais que celles-ci soient dépourvues de toute syntaxe — ce qui lui confère un caractère tout à la fois global et perfectif qui explique que rien n’y soit vraiment décidé par le moi du rêveur. Son espace est en effet privé d’horizons, de perspectives ou de tout point de vue situé. Et sa temporalité est encore en gestation (chronogénétique), dans l’ignorance de la tripartition entre présent, passé et avenir. D’où son caractère processuel et son absence de structures. D’où également son caractère de familière étrangeté, lié au fait que tout y survient en écho au passé du rêveur, mais sous la forme d’une fatalité inexorable. Car si le moi rêvant est bien lové dans ce monde, il s’y trouve encore sur un mode d’existence impersonnel, qui ne décide pas d’ellemême, qui n’affronte pas ce qui advient. L’étrangeté rencontrée n’est pas celle d’un autrui, mais celle de cet autre que le moi est pour lui-même. Le rêve est donc l’occasion pour l’homme de faire l’épreuve de son existence dans ce qu’elle comporte encore de non décidé, que Freud appelle le ça et Schelling le Gemüt, là où le moi n’est pas encore devenu personne. Ce n’est qu’à l’état vigile que l’homme peut intégrer ce moi encore inchoatif et lui assigner une destination.
Mots clés: Existence, crise - Monde onirique/monde vigile - Temps et espace - Sujet impersonnel - Altérité de soi à soi