Souza Junior: Revisitando a Reflexologia Soviética

Do ponto de vista de autores como Canguilhem (1977), Pavlov (1924/1984), Pessotti (1976) e Skinner (1969/1984), é no trabalho de René Descartes (1596-1650) que encontramos a gênese da moderna concepção de reflexo. Tendo uma sólida base nos trabalhos de vivisseção e descrições anatomofisiológicas de Galeno (131-200 d.C.), Descartes inaugura uma nova forma de conceber os meandros das origens do movimento muscular, adotando uma concepção externalista e não metafísica da gênese do movimento, pelo menos naqueles movimentos por ele categorizados como automatismos. Apesar de haver utilizado conceitos já presentes em autores que o precederam, a distinção da posição cartesiana para as demais está no fato de utilizar, pela primeira vez, o termo “reflexo” (esprits réfléxis), tendo, inclusive, antecipado uma concepção da aprendizagem reflexa análoga à teoria dos reflexos condicionados, proposta por Ivan Pavlov, séculos mais tarde (PESSOTTI, 1976: 12-13).

A história da fisiologia dos reflexos percorreu uma trajetória que teria ainda muitos nomes de destaque em momentos anteriores ao século XIX, como Thomas Willis (1621-1675) e Robert Whytt (1714-1766), embora os avanços mais notáveis tenham acontecido a partir do início do século XIX, destacando-se as figuras de Charles Bell (1774-1842) que, em 1811, postula que as inervações medulares anteriores e posteriores exercem funções distintas. François Magendie (1783-1855), em 1822, confirma a tese de Bell experimentalmente. Em 1832-1833, Marshall Hall (1790-1857) descreveu a doutrina da chamada “ação reflexa”. Johannes Müller (1801-1858) publica seis trabalhos sobre os movimentos reflexos em 1833. Rudolph Wagner (1805-1864) propõe um primeiro esquema descritivo para o fenômeno conhecido como “arco reflexo”[1] (CANGUILHEM, 1977). Todas essas perspectivas precederam os modernos estudos de fisiologia desenvolvidos ainda no século XIX por pesquisadores russos, sendo este o conjunto de investigações de maior interesse para a presente análise. Todos estes pensadores e escolas compuseram um movimento que convergiu progressivamente rumo a um enfoque experimentalista e oposto às explicações ditas idealistas da gênese dos movimentos reflexos.

A seguir, serão descritos os principais desenvolvimentos do campo de estudos conhecido como Reflexologia Soviética[2] no século XIX, por meio da exploração do trabalho dos seus representantes mais conhecidos. Esta revisão será empreendida com o intuito da construção de um novo olhar sobre um campo de estudos de grande influência durante todo o século XX e cujas discussões históricas parecem, ainda, abertas.

Souza Junior, Eustáquio. Revisitando a reflexologia soviética. Mnemosine, Vol. 5, No 2, 2009. http://www.mnemosine.cjb.net/mnemo/index.php/mnemo/article/view/362/590


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Tran Duc Thao: resources


Trần Đức Thảo (26 September 1917—24 April 1993) was a Vietnamese philosopher. His work (written primarily in French) attempted to unite phenomenology with Marxist philosophy. His work had some currency in France in the 1950s and 1960s, and was cited favorably by Jacques Derrida and Jean-François Lyotard and Louis Althusser.

wiki and webpage on viet-studies

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Interview with Dr. Henri Baruk (1996)

French psychiatrist, specialist in neuropsychiatry, and director at L’Ecole pratique des Hautes Etudes, Sorbonne, University of Paris, Henri Baruk is also a member of the National Academy of Medicine (Paris) and honorary member of the American International Academy.

Baruk believes in what he calls “moral psychiatry.” For this reason, he has studied the Talmud and the Bible in addition to medicine. It is Baruk’s philosophy that charity and justice, as well as science, must prevail if humans want to grow and even survive. Baruk is responsible for the creation of a neural laboratory for the study of catatonia at the Sorbonne.

His many books include Hebraic Civilization and the Science of Man (World Federation for Mental health, 1961); Tsedek: Where Modern Science is Examined and Where It is Attempted to Save Man from Physical and Spiritual Enslavement (Swan House, 1972); and the best seller Patients are People Like Us: The Experiences of Half a Century in Neuropsychiatry (Morrow, 1977).

Dr. Henri Baruk

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Journée Jean Hyppolite : Entre structure et existence (École Normale Supérieure)

Resources en ligne de la journée d’études organisée par G. Bianco et F. Worms dans la série Passeurs pour le Centre International d’Etude de la Philosophie Française Contemporaine de l’École normale supérieure

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Thomas Le Bianic: LES PSYCHOLOGUES DU TRAVAIL DE L’AFPA : UN MARCHE PROFESSIONNEL FACE AUX TRANSFORMATIONS DE L’ACTION PUBLIQUE

L’action publique en direction des demandeurs d’emploi n’a cessé de s’intensifier depuis le milieu des années 1980, au gré des statistiques du chômage. La succession et la superposition des différentes politiques publiques de l’emploi et de l’insertion (PPEI) a donné naissance à un dispositif complexe, associant des établissements publics (ANPE), des associations placées sous la tutelle des pouvoirs publics (AFPA, missions locales pour l’emploi, PAIO, CIBC...) et une multitude d’organismes conventionnés sous-traitant les prestations de l’ANPE (cabinets de conseil en formation, associations d’insertion ou d’aide à la recherche d’emploi...). [lire le texte]

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CENTRE D'ETUDES ET RECHERCHES PSYCHOTECHNIQUES DE L'A.F.P.A. (CERP)

(Association nationale pour la formation professionnelle des adultes)

13, rue Paul-Chautard, Paris 15me.

Statut : Le C.E.R.P. est un organe constitué par les services de psychologie appliquée de l'A.F.P.A. Association régie par la loi de I9OI et chargée, sous la tutelle du ministère des Affaires sociales, de la gestion des centres publics de formation professionnelle d'adultes.

Fonctionnaires principaux : R. Bailet, Inspecteur général du travail et de la main-d'oeuvre, directeur de l'A.F.P.A. P. Orfila, Ingénieur, Directeur des services de formation de l'A.P.P.A.
M. Faisan, Chef des services de psychologie appliquée (C.E.R.P.).

Départements ou sections : Service enquêtes et recherches. Service études et méthodes. Section documentation-bibliothèque.

Ponctions : Le C.E.R.P. assure à la fois une fonction d'études et de recherches, une fonction de coordination technique des activités des centres psychotechniques régionaux de l'A.P.P.A. et une fonction de formation et de perfectionnement des psychologues de ces centres.

Activités : Etudes et recherches dans les domaines de la formation, de l'ergonomie (incluant certains aspects relatifs à la sécurité et l'hygiène du travail), des aspects psychosociologiques de
l'emploi, de la sélection et l'orientation professionnelle en général. Mise au point et contrôle régulier des méthodes de sélection et d'orientation utilisées par les centres psycho-techniques régionaux de l'A.P.P.A. Organisation de stages de perfectionnement destinés aux psychologues des centres régionaux de l'A.F.P.A. Activités de documentation et d'information.

Publications : Bulletin trimestriel d'études et recherches psychologiques.

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Héritier du Centre scientifique de la Main-d’œuvre (CSMO), le CERP est fondé en 1946 puis rattaché à l’ANIFRMO en 1949. A la fois structure de formation de sélectionneurs et centre scientifique de connaissance et d’expérimentation des méthodes psychotechniques, il est également chargé du contrôle technique des centres de sélection disséminés à travers la France. A partir de 1948, le développement des méthodes de sélection des candidats à une formation se fonde, au CERP, sur l’hypothèse que la sélection doit être effectuée non plus par rapport à des aptitudes spécifiques à chaque métier, mais en fonction d’une capacité générale d’apprentissage. Cette dernière s’apprécie grâce à une série de tests “papier-crayon” qui combinent évaluation de l’intelligence générale, de l’habileté manuelle et de l’influence des acquis scolaires. Grâce à ses travaux d’étude et de recherche à l’ANIFRMO et à l’extérieur, le CERP acquiert progressivement une renommée internationale. Ses travaux, notamment dans le domaine de la méthodologie statistique, de la psychométrie, de l’enseignement programmé, de la prévention des accidents et de l’ergonomie, seront largement relayés par sa revue, Le bulletin du CERP, qui sera publiée jusqu’en 1972 sous les auspices du CNRS (Centre national de la recherche scientifique). Progressivement, le CERP perd son autonomie et finit par être intégré en 1972 aux autres services de l’AFPA. [SOURCE]

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René Char: À la santé du serpent

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À la santé du serpent est composé d’un ensemble d’aphorismes inséré dans Le poème pulvérisé, un recueil publié pour la première fois par la revue Fontaine en 1947. Ce tirage comprenait une gravure d’Henri Matisse pour les exemplaires de tête.

Tous ces aphorismes, René Char les reprendra dans Fureur et mystère qui voit le jour aux éditions Gallimard en 1948. [source]


À la santé du serpent

(english translation: Simon Taylor)

I

Je chante la chaleur à visage de nouveau-né, la chaleur désespérée.

I SING THE WARMTH IN THE FACE OF A NEWBORN,

THE DESPERATE WARMTH.

II

Au tour du pain de rompre l’homme, d’être la beauté du point du jour.

THE BREAD’S TURN TO BREAK MAN,

TO BE THE DAWN’S BEAUTY.

III

Celui qui se fie au tournesol ne méditera pas dans la maison. Toutes les pensées de l’amour deviendront ses pensées.

HE WHO BELIEVES THE SUNFLOWER WON’T BROOD IN THE HOUSE.

ALL THOUGHTS OF LOVE WILL BE HIS THOUGHTS.

IV

Dans la boucle de l’hirondelle un orage s’informe, un jardin se construit.

A STORM INQUIRES INTO THE SWALLOWS LOOP,

A GARDEN IS CONSTRUED.

V

Il y aura toujours une goutte d’eau pour durer plus que le soleil sans que l’ascendant du soleil soit ébranlé.

THERE WILL ALWAYS BE A WATER DROP TO OUTLAST THE SUN

THAT WILL NOT SHAKE THE SUN IN ITS ASCENDANCY.

VI

Produis ce que la connaissance veut garder secret, la connaissance au cent passages.

MAKE THAT WHICH FAMILIARITY WOULD KEEP SECRET,

FAMILIARITY WITH ITS HUNDRED HALLWAYS.

VII

Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience.

THAT WHICH COMES TO THE WORLD TO DISTURB NOTHING

MERITS NEITHER CONSIDERATION NOR TOLERANCE.

VIII

Combien durera ce manque de l’homme mourant au centre de la création parce que la création l’a congédié?

HOW LONG WILL THIS LACK AT THE CENTRE OF CREATION LAST

OF THE DEATH OF MAN BECAUSE CREATION HAS REJECTED HIM?

IX

Chaque maison était une saison. La ville ainsi se répétait. Tous les habitants ensemble ne connaissaient que l’hiver, malgré leur chair réchauffée, malgré le jour qui ne s’en allait pas.

EVERY HOUSE WAS A SEASON. THE CITY WAS THUS REPEATED.

ALL OF ITS INHABITANTS TOGETHER KNEW ONLY WINTER,

IN SPITE OF THE WARMTH OF THEIR FLESH,

IN SPITE OF THE DAY THAT WOULDN’T LEAVE THEM.

X

Tu es dans ton essence constamment poète, constamment au zénith de ton amour, constamment avide de vérité et de justice. C’est sans doute un mal nécessaire que tu ne puisses l’être assidûment dans ta conscience.

YOU ARE A POET IN YOUR BEING CONTINUOUSLY, AT THE ZENITH OF YOUR LOVE CONTINUOUSLY,

HUNGRY FOR TRUTH AND JUSTICE CONTINUOUSLY. NO DOUBT IT IS A NECESSARY EVIL

THAT IN YOUR CONSCIENCE YOU CAN’T BE SO ASSIDUOUSLY.

XI

Tu feras de l’âme qui n’existe pas un homme meilleur qu’elle.

YOU’LL MAKE OF THE SOUL WHICH DOESN’T EXIST

A MAN BETTER THAN IT.

XII

Regarde l’image téméraire où se baigne ton pays, ce plaisir qui t’a longtemps fui.

LOOK AT THE RECKLESS IMAGE

IN WHICH YOUR COUNTRY IMMERSES ITSELF,

THIS PLEASURE THAT FOR A LONG TIME ESCAPED YOU.

XIII

Nombreux sont ceux qui attendent que l’écueil les soulève, que le but les franchisse, pour se définir.

THOSE WHO WAIT TO BE LIFTED UP BY WHAT BLOCKS THEM,

TO BE PASSED THROUGH BY THEIR END,

IN ORDER TO BE DEFINED,

ARE NUMEROUS.

XIV

Remercie celui qui ne prend pas souci de ton remords. Tu es son égal.

THANK HIM WHO PAYS YOUR REMORSE NO MIND.

YOU ARE HIS EQUAL.

XV

Les larmes méprisent leur confident.

TEARS SCORN THE SYMPATHISER.

XVI

Il reste une profondeur mesurable là où le sable subjugue la destinée.

THE DEPTH IS STILL MEASURABLE THERE

WHERE FATE FOUNDERS IN SAND.

XVII

Mon amour, peu importe que je sois né: tu deviens visible à la place où je disparais.

MY LOVE, WHO CARES THAT I WAS BORN:

YOU BECOME VISIBLE AT THE PLACE WHERE I DISAPPEAR.

XVIII

Pouvoir marcher, sans tromper l’oiseau, du coeur de l’arbre à l’extase du fruit.

THE POWER TO WALK,

WITHOUT FOOLING THE BIRD,

FROM THE HEART OF THE TREE

TO THE FRUIT’S ECSTASY.

XVIX

Ce qui t’accueille à travers le plaisir n’est que la gratitude mercenaire du souvenir. La présence que tu as choisie ne délivre pas d’adieu.

WHAT YOU GET FROM PLEASURE

IS ONLY THE MERCENARY CONSUMMATION

OF NOSTALGIA. THE TRACE

YOU’VE PICKED

GRANTS NO ADIEUS.

XX

Ne te courbe que pour aimer. Si tu meurs, tu aimes encore.

DON’T BOW YOUR HEAD

EXCEPT TO LOVE.

IF YOU DIE,

STILL YOU LOVE.

XXI

Les ténèbres que t’infuses sont régies par la luxure de ton ascendant solaire.

THE DARKNESSES INSTILLED IN YOU

ARE SUBJECT TO THE CUPIDITY

OF YOUR SOLAR ASCENDANT.

XXII

Néglige ceux aux yeux de qui l’homme passe pour n’être qu’une étape de la couleur sur le dos tourmenté de la terre. Qu’ils dévident leur longue remonstrance. L’encre du tisonnier et la rougeur du nuage ne font qu’un.

IGNORE THEM IN WHOSE EYES MAN PASSES FOR NO MORE THAN A TONE OF COLOUR

ON THE EARTH’S TORTURED BACK. LET THEM REEL OFF THEIR LENGTHY REMONSTRANCE.

THE POKER’S INK AND THE REDNESS OF CLOUD ARE JUST ONE.

XXIII

Il n’est pas digne du poète de mystifier l’agneau, d’investir sa laine.

IT’S UNWORTHY OF THE POET

TO MYSTIFY THE LAMB,

TO INVEST HIMSELF IN WOOL.

XXIV

Si nous habitons un éclair, il est le coeur de l’éternel.

OUR LIFE IS IN THE LIGHTNING,

TO BE IN THE HEART OF THE ETERNAL.

XXV

Yeux qui, croyant inventer le jour, avez éveillé le vent, que puis-je pour vous, je suis l’oubli.

EYES WHO, THINKING TO CREATE THE DAY,

YOU’VE WOKEN UP THE WIND,

WHAT COULD I FOR YOU,

I AM OBLIVION.

XXVI

La poèsie est de toutes les eaux claire celle qui s’attarde le moins aux reflets de ses ponts.
Poèsie, la vie future à l’intérieur de l’homme requalifié.

POETRY IS OF ALL CLEAR WATERS

THAT ONE WHICH SLOWS THE LEAST

TO REFLECT ITS BRIDGES.

POETRY, THE FUTURE LIFE

INSIDE OF THE MAN RETRAINED.

XXVII

Une rose pour qu’il pleuve. Au terme d’innombrables années, c’est ton souhait

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René Char: Le poème pulvérisé - Argument - (1945-1947)

Comment vivre sans inconnu devant soi?

Les hommes d'aujourd'hui veulent que le poème soit à l'image de leur vie, faite de si peu d'égards, de si peu d'espace et brûlée d'intolérance.
Parce qu'il ne leur est plus loisible d'agir suprêmement, dans cette préoccupation fatale de se détruire par son semblable, parce que leur inerte richesse les freine et les enchaîne, les hommes d'aujourd'hui, l'instinct affaibli, perdent, tout en se gardant vivants, jusqu'à la poussière de leur nom.
Né de l'appel du devenir et de l'angoisse de la rétention, le poème, s'élevant de son puits de boue et d'étoiles, témoignera presque silencieusement, qu'il n'était rien en lui qui n'existât vraiment ailleurs, dans ce rebelle et solitaire monde des contradictions.

[source]

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Georges Canguilhem: Que é a Psicologia? (1956)

Neste texto, originado de uma conferência apresentada em 18 de dezembro de 1956 no Collège Philosophique (Paris) e publicado dois anos mais tarde, Georges Canguilhem propõem-se a discutir a psicologia, investigando a existência (ou não) de uma unidade de projeto que pudesse conferir sua unidade eventual aos diferentes tipos de disciplinas tidas então como psicológicas. Para responder à questão “Que é a psicologia?”, considera necessário esboçar uma história da psicologia. Mas enfatiza: “uma história considerada apenas nas suas orientações e relacionada com a história da filosofia e das ciências, uma história necessariamente teleológica, uma vez que destinada a transferir, para a interrogação proposta, o sentido originário suposto nas diversas disciplinas, métodos ou empreendimentos, cuja disparidade atual legitima essa pergunta”.

impulso no26
www.unimep.br/phpg/editora/revistaspdf/impulso26.pdf

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Robert Pagès (1919-2007)

Site sur Robert Pagès, chercheur et psychologue social. Site about Robert Pagès, researcher and social psychologist

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Marko Marulic -- The Author of the Term "Psychology" (1964)

In technical and encyclopaedic literature one can find somewhat different information about when the word "psychology" was formed and who was the first to use it. In the main psychological and philosophical dictionaries, textbooks, and leading world encyclopaedias there are for the most part three different opinions of the origin of this term which, as the word denoting scientific or philosophic dealing with the phenomena of psychic (subjective, conscious) life, has now come into very wide use. All the three names connected with the formation of the term "psychology" are the names of the people of German origin from the 16th century. Two of them are of little significance: Rudolf Göckel and Otto Casmann, while the third is very famous and generally known: Filip Melanchton.

http://psychclassics.yorku.ca/Krstic/marulic.htm

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Interview avec Daniel Defert sur la mort de Michel Foucault (Libé, 19 06 04)

Daniel Defert, compagnon du philosophe, raconte les conditions de la mort de Michel Foucault. Mensonges et malentendus sur le sida l’ont conduit à créer l’association Aides.

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Georges Canguilhem: 'Qu'est-ce que la psychologie?' (1956/1966)


[77] La question “Qu'est-ce que la psychologie?” semble plus gênante pour tout psychologue que ne l'est, pour tout philosophe, la question “Qu'est-ce que la philosophie?”. Car pour la philosophie, la question de son sens et de son essence la constitue, bien plus que ne la définit une réponse à cette question. Le fait que la question renaisse incessamment, faute de réponse satisfaisante, est, pour qui voudrait pouvoir se dire philosophe, une raison d'humilité et non une cause d'humiliation. Mais pour la psychologie, la question de son essence ou plus modestement de son concept, met en question aussi l'existence même du psychologue, dans la mesure où faute de pouvoir répondre exactement sur ce qu'il est, il lui est rendu bien difficile de répondre de ce qu'il fait. Il ne peut alors chercher que dans une efficacité toujours discutable la justification de son importance de spécialiste, importance dont il ne déplairait pas absolument à tel ou tel qu'elle engendrât chez le philosophe un complexe d'infériorité.

En disant de l'efficacité du psychologue qu'elle est discutable, on n'entend pas dire qu'elle est illusoire; on veut simplement remarquer que cette efficacité est sans doute mal fondée, tant que preuve n'est pas faite qu'elle est bien due à l'application d'une science, c'est-à-dire tant que le statut de la psychologie n'est pas fixé de telle façon qu'on la doive tenir pour plus et mieux qu'un empirisme composite, littérairement codifié aux fins d'enseignement. En fait, de bien des travaux de psychologie, on retire l'impression qu'ils mélangent à une philosophie sans rigueur une éthique sans exigence et une médecine sans contrôle. Philosophe sans rigueur, parce qu'éclectique sous prétexte d'objectivité; éthique sans exigence, parce qu'associant des expériences éthologiques elles-mêmes sans critique, celle du confesseur, de l'éducateur, du chef, du juge, etc.; médecine sans contrôle, puisque des trois sortes de maladies les plus inintelligibles et les moins curables, maladies de la peau, maladie des nerfs et maladies mentales, l'étude et le traitement des deux dernières ont fourni de toujours à la psychologie des observations et des hypothèses.

[78] Donc il peut sembler qu'en demandant “Qu'est-ce que la psychologie?” on pose une question qui n'est ni impertinente ni futile.

On a longtemps cherché l'unité caractéristique du concept d'une science dans la direction de son objet. L'objet dicterait la méthode utilisée pour l'étude de ses propriétés. Mais c'était, au fond, limiter la science à l'investigation d'un donné, à l'exploration d'un domaine. Lorsqu'il est apparu que toute science se donne plus ou moins son donné et s'approprie, de ce fait, ce qu'on appelle son domaine, le concept d'une science a progressivement fait davantage état de sa méthode que de son objet. Ou plus exactement, l'expression “objet de la science” a reçu un sens nouveau. L'objet de la science ce n'est plus seulement le domaine spécifique des problèmes, des obstacles à résoudre, c'est aussi l'intention et la visée du sujet de la science, c'est le projet spécifique qui constitue comme telle une conscience théorique.

A la question “Qu'est-ce que la psychologie?”, on peut répondre en faisant paraître l'unité de son domaine, malgré la multiplicité des projets méthodologiques. C'est à ce type qu'appartient la réponse brillamment donnée par le Professeur Daniel Lagache, en 1947, à une question posée, en 1936, par Edouard Claparède. 2 L'unité de la psychologie est ici cherchée dans sa définition possible comme théorie générale de la conduite, synthèse de la psychologie expérimentale, de la psychologie clinique, de la psychanalyse, de la psychologie sociale et de l'ethnologie.

A bien regarder pourtant, on se dit que peut-être cette unité ressemble davantage à un pacte de coexistence pacifique conclu entre professionnels qu'à une essence logique, obtenue par la révélation d'une constance dans une variété de cas. Des deux tendances entre lesquelles le Professeur Lagache cherche un accord solide: la naturaliste (psychologie expérimentale) et l'humaniste (psychologie clinique), on a l'impression que la seconde lui paraît peser d'un poids plus lourd. C'est ce qui explique sans doute l'absence de la psychologie animale dans cette revue des parties du litige. Certes, on voit bien qu'elle est comprise dans la psychologie expérimentale - qui est en grande partie une psychologie des animaux - mais elle y est enfermée comme matériel à quoi appliquer la méthode. Et en effet, une psychologie ne peut être dite expérimentale qu'en raison de sa méthode et non en raison de son objet. Tandis que, en dépit des apparences, c'est par l'objet plus que par la méthode qu'une psychologie est dite clinique, psychanalytique, sociale, ethnologique. Tous ces adjectifs sont indicatifs d'un seul et même objet d'étude: l'homme, être loquace ou taciturne, être sociable ou insociable. Dès lors, peut-on rigoureusement parler d'une théorie [79] générale de la conduite, tant qu'on n'a pas résolu la question de savoir s'il y a continuité ou rupture entre langage humain et langage animal, société humaine et société animale? Il est possible que, sur ce point, ce soit non à la philosophie de décider, mais à la science, en fait à plusieurs sciences, y compris la psychologie. Mais alors la psychologie ne peut pas, pour se définir préjuger de ce dont elle est appelée à juger. Sans quoi, il est inévitable qu'en se proposant elle-même comme théorie générale de la conduite, la psychologie fasse sienne quelque idée de l'homme. Il faut alors permettre à la philosophie de demander à la psychologie d'où elle tient cette idée et si ce ne serait pas, au fond, de quelque philosophie.

Nous voudrions essayer, parce que nous ne sommes pas un psychologue, d'aborder la question fondamentale posée par une voie opposée, c'est-à-dire de rechercher si c'est ou non l'unité d'un projet qui pourrait conférer leur unité éventuelle aux différentes sortes de disciplines dites psychologiques. Mais notre procédé d'investigation exige un recul. Chercher en quoi des domaines se recouvrent peut se faire par leur exploration séparée et leur comparaison dans l'actualité (une dizaine d'années dans le cas du Professeur Lagache). Chercher si des projets se rencontrent demande que l'on dégage le sens de chacun d'eux, non pas quand il s'est perdu dans l'automatisme de l'exécution, mais quand il surgit de la situation qui le suscite. Chercher une réponse à la question “Qu'est-ce que la psychologie?” devient pour nous l'obligation d'esquisser une histoire de la psychologie, mais, bien entendu, considérée seulement dans ses orientations, en rapport avec l'histoire de la philosophie et des sciences, une histoire nécessairement téléologique, puisque destinée à véhiculer jusqu'à la question posée le sens originaire supposé des diverses disciplines, méthodes ou entreprises, dont la disparate actuelle légitime cette question.

I. La psychologie comme science naturelle

Alors que psychologie signifie étymologiquement science de l'âme, il est remarquable qu'une psychologie indépendante soit absente, en idée et en fait, des systèmes philosophiques de l'antiquité, où pourtant la psyché, l'âme, est tenue pour un être naturel. Les études relatives à l'âme s'y trouvent partagées entre la métaphysique, la logique et la physique. Le traité aristotélicien De l'Ame est en réalité [80] un traité de biologie générale, l'un des écrits consacrés à la physique, D'après Aristote, et selon la tradition de l'Ecole, les Cours de philosophie du début du XVIIe siècle traitent encore de l'âme dans un chapitre de la Physique. 3 L'objet de la physique c'est le corps naturel et organisé ayant la vie en puissance, donc la physique traite de l'âme comme forme du corps vivant, et non comme substance séparée de la matière. De ce point de vue, une étude des organes de la connaissance c'est-à-dire des sens extérieurs (les cinq sens usuels) et des sens intérieurs (sens commun, fantaisie, mémoire), ne diffère en rien de l'étude des organes de la respiration ou de la digestion. L'âme est un objet naturel d'étude, une forme dans la hiérarchie des formes, même si sa fonction essentielle est la connaissance des formes. La science de l'âme est une province de la physiologie, en son sens originaire et universel de théorie de la nature.

C'est à cette conception antique que remonte, sans rupture, un aspect de la psychologie moderne: la psycho-physiologie - considérée longtemps comme psycho-neurologie exclusivement (mais aujourd'hui, en outre, comme psycho-endocrinologie) - et la psychopathologie comme discipline médicale. Sous ce rapport, il ne parait pas superflu de rappeler qu'avant les deux révolutions qui ont permis l'essor de la physiologie moderne, celle de Harvey et celle de Lavoisier, une révolution de non moindre importance que la théorie de la circulation ou de la respiration est due à Galien, lorsqu'il établit, cliniquement et expérimentalement après les médecins de l'Ecole d'Alexandrie, Hérophile et Erasistrate, contre la doctrine aristotélicienne, et conformément aux anticipations d'Alcméon, d'Hippocrate et de Platon, que c'est le cerveau et non le coeur qui est l'organe de la sensation et du mouvement, et le siège de l'âme. Galien fonde véritablement une filiation ininterrompue de recherches, pneumatologie empirique durant des siècles, dont la pièce fondamentale est la théorie des esprits animaux, découronnée et relayée à la fin du XVIIIe siècle par l'électro-neurologie.Quoique décidément pluraliste dans sa conception des rapports entre fonctions psychiques et organes encéphaliques, Gall procède directement de Galien et domine, malgré ses extravagances, toutes les recherches sur les localisations cérébrales, pendant les soixante premières années du XIXe siècle, jusqu'à Brocainclusivement.

En somme, comme psycho-physiologie et psycho-pathologie, la psychologie d'aujourd'hui remonte toujours au IIe siècle.

[81]

II. La psychologie comme science de la subjectivité

Le déclin de la physique aristotélicienne, au XVIIe siècle, marque la fin de la psychologie comme para-physique, comme science d'un objet naturel, et corrélativement la naissance de la psychologie comme science de la subjectivité.

Les vrais responsables de l'avènement de la psychologie moderne, comme science du sujet pensant, ce sont les physiciens mécanistes du XVIIe siècle. 4

Si la réalité du monde n'est plus confondue avec le contenu de la perception, si la réalité est obtenue et posée par réduction des illusions de l'expérience sensible usuelle, le déchet qualitatif de cette expérience engage, du fait qu'il est possible comme falsification du réel, la responsabilité propre de l'esprit, c'est-à-dire du sujet de l'expérience, en tant qu'il ne s'identifie pas avec la raison mathématicienne et mécanicienne, instrument de la vérité et mesure de la réalité.

Mais cette responsabilité est, aux yeux du physicien, une culpabilité. La psychologie se constitue donc comme une entreprise de disculpation de l'esprit. Son projet est celui d'une science qui, face à la physique, explique pourquoi l'esprit est par nature contraint de tromper d'abord la raison relativement à la réalité. La psychologie se fait physique du sens externe, pour rendre compte des contresens dont la physique mécaniste inculpe l'exercice des sens dans la fonction de connaissance.

A - La physique du sens externe -

La psychologie, science de la subjectivité, commence donc comme psychophysique pour deux raisons. Premièrement, parce qu'elle ne peut pas être moins qu'une physique pour être prise au sérieux par les physiciens. Deuxièmement, parce qu'elle doit chercher dans une nature, c'est-à-dire dans la structure du corps humain, la raison d'existence des résidus irréels de l'expérience humaine.

Mais ce n'est pas là, pour autant, un retour à la conception antique d'une science de l'âme, branche de la physique. La nouvelle [82]physique est un calcul. La psychologie tend à l'imiter. Elle cherchera à déterminer des constantes quantitatives de la sensation et des relations entre ces constantes.

Descartes et Malebranche sont ici les chefs de file. Dans les Règles pour la direction de l'esprit(XII), Descartes propose la réduction des différences qualitatives entre données sensorielles à une différence de figures géométriques. Il s'agit ici des données sensorielles en tant qu'elles sont, au sens propre du terme, les informations d'un corps par d'autres corps ; ce qui est informé par les sens externes, c'est un sens interne “la fantaisie, qui n'est rien autre chose qu'un corps réel et figuré”. Dans la Règle XIV, Descartes traite expressément de ce que Kant appellera la grandeur intensive des sensations (Critique de la Raison pure, Analytique transcendantale, anticipation de la perception): les comparaisons entre lumières, entre sons, etc., ne peuvent être converties en rapports exacts que par analogie avec l'étendue du corps figuré. Si l'on ajoute que Descartes, s'il n'est pas à proprement parler l'inventeur du terme et du concept de réflexe, a néanmoins affirmé la constance de la liaison entre l'excitation et la réaction, on voit qu'une psychologie, entendue comme physique mathématique du sens externe,commence avec lui pour aboutir à Fechner, grâce au secours de physiologistes comme Hermann Helmholtz - malgré et contre les réserves kantiennes, critiquées à leur tour par Herbart.

Cette variété de psychologie est élargie par Wundt aux dimensions d'une psychologie expérimentale, soutenue dans ses travaux par l'espoir de faire apparaître, dans les lois des “faits de conscience”, un déterminisme analytique du même type que celui dont la mécanique et la physique laissent espérer à toute science l'universelle validité.

Fechner est mort en 1887, deux ans avant la thèse de Bergson Essai sur les données immédiates de la conscience (1889). Wundt est mort en 1920, ayant formé bien des disciples dont quelques-uns sont encore vivants, et non sans avoir assisté aux premières attaques des psychologues de la Forme contre la physique analytique, à la fois expérimentale et mathématique, du sens externe, conformément aux observations de Ehrenfels sur les qualités de forme (Ueber Gestaltqualitäten, 1890), observations elles-mêmes apparentées aux analyses de Bergson sur les totalités perçues, comme des formes organiques dominant leur parties supposées (Essai, ch. II).

B - La science du sens interne -

Mais la science de subjectivité ne se réduit pas à l’élaboration d’un physique du sens externe, elle se propose et se présente [83] comme la science de la conscience de soi ou la science du sens interne. C'est du XVIIIe siècle que date le terme de Psychologie, ayant le sens de science du moi (Wolff). Toute l'histoire de cette psychologie peut s'écrire comme celle des contre-sens dont les Méditations de Descartes ont été l'occasion, sans en porter la responsabilité.

Quand Descartes, au début de la MéditationIII, considère son “intérieur” pour tâcher de se rendre plus connu et plus familier à lui-même, cette considération vise la Pensée. L'intérieur cartésien, conscience de l' ‘Ego cogito’ , c'est la connaissance directe que l'âme a d'elle-même, en tant qu'entendement pur. Les Méditations sont nommées par Descartes métaphysiques parce qu'elles prétendent atteindre directement la nature et l'essence du Je pense dans la saisie immédiate de son existence. La méditation cartésienne n'est pas une confidence personnelle. La réflexion qui donne à la connaissance du Moi la rigueur et l'impersonnalité des mathématiques n'est pas cette observation de soi que les spiritualistes, au début du XIXe siècle, ne craindront pas de faire patronner par Socrate, afin que M. Pierre-Paul Royer-Collard puisse donner à Napoléon Ier l'assurance que le Connais-toi, le ‘Cogito’ et l'Introspection fournissent au trône et à l'autel leur fondement inexpugnable.

L'intérieur cartésien n'a rien de commun avec le sens interne des aristotéliciens “qui conçoit ses objets intérieurement et au-dedans de la tête”5 et dont on a vu que Descartes le tient pour un aspect du corps (Règle XIII). C'est pourquoi Descartes dit que l'âme se connaît directement et plus aisément que le corps. C'est là une affirmation dont on ignore trop souvent l'intention polémique explicite, car selon les aristotéliciens l'âme ne se connaît pas directement. “La connaissance de l'âme n'est point directe, mais seulement par réflexion. Car l'âme est semblable à l'oeil qui voit tout et ne peut se voir soi-même que par réflexion comme dans un miroir ... et l'âme pareillement ne se voit et ne se connaît que par réflexion et par reconnaissance de ses effets”. 6 Thèse qui suscite l'indignation de Descartes, lorsque Gassendi la reprend dans ses objections contre la Méditation III, et à laquelle il répond: “Ce n'est point l'oeil qui se voit lui-même, ni le miroir, mais bien l'esprit, lequel seul connaît et le miroir, et l'oeil et soi-même.”

Or cette réplique décisive ne vient pas à bout de cet argument scolastique. Maine de Biran le tourne une fois de plus contre Descartes dans le Mémoire sur la décomposition de la pensée. A. Comte l'invoque contre la possibilité de l'introspection, c'est-à-dire contre cette méthode de connaissance de soi que Pierre-Paul Royer-Collard[84] emprunte à Reid pour faire de la psychologie la propédeutique scientifique de la métaphysique, en justifiant par la voie expérimentale les thèses traditionnelles du substantialisme spiritualiste. 7 Cournot même, dans sa sagacité, ne dédaigne pas de reprendre l'argument à l'appui de l'idée que l'observation psychologique concerne davantage la conduite d'autrui que le moi de l'observateur, que la psychologie s'apparente davantage à la sagesse qu'à la science et qu' “il est de la nature des faits psychologiques de se traduire en aphorismes plutôt qu'en théorèmes”.8

C'est que l'on a méconnu l'enseignement de Descartes à la fois en constituant, contre lui une psychologie empirique comme histoire naturelle du moi - de Locke à Ribot, à travers Condillac, les Idéologues français et les Utilitaristes anglais - et en constituant, d'après lui, croyait-on, une psychologie rationnelle fondée sur l'intuition d'un Moi substantiel.

Kant garde encore aujourd'hui la gloire d'avoir établi que si Wolff a pu baptiser ces nouveaux-nés post-cartésiens (Psychologie empirica, 1732; Psychologie rationalis, 1734), il n'a pas pour autant réussi à fonder leurs prétentions à la légitimité. Kant montre que, d'une part, le sens interne phénoménal n'est qu'une forme de l'intuition empirique, qu'il tend à se confondre avec le temps, que, d'autre part, le moi, sujet de tout jugement d'aperception, est une fonction d'organisation de l'expérience, mais dont il ne saurait y avoir de science puisqu'il est la condition transcendantale de toute science. Les Premiers principes métaphysiques de la Science de la Nature (1786) contestent à la psychologie la portée d'une science, soit à l'image des mathématiques, soit à l'image de la physique. Il n'y a pas de psychologie mathématique possible, au sens où il existe une physique mathématique. Même si on applique aux modifications du sens interne, en vertu de l'anticipation de la perception relative aux grandeurs intensives, les mathématiques du continu, on n'obtiendra rien de plus important que ne le serait une géométrie bornée à l'étude des propriétés de la ligne droite. Il n'y a pas non plus de psychologie expérimentale au sens où la chimie se constitue par l'usage de l'analyse et de la synthèse. Nous ne pouvons ni sur nous-mêmes, ni sur autrui, nous livrer à des expériences. Et l'observation interne altère son objet. Vouloir se surprendre soi-même dans l'observation de soi conduirait à l'aliénation. La psychologie ne peut donc être que descriptive. Sa place véritable est dans une Anthropologie, comme propédeutique à une théorie de l'habileté et de la prudence, couronnée par une théorie de la sagesse.

[85]

C - La science du sens intime -

Si l'on appelle psychologie classique celle qu'on entend réfuter, il faut dire qu'en psychologie il y a toujours des classiques pour quelqu'un. Les Idéologues, héritiers des sensualistes, pouvaient tenir pour classique la psychologie écossaise qui ne prônait comme eux une méthode inductive que pour mieux affirmer, contre eux, la substantialité de l'esprit. Mais la psychologie atomistique et analytique des sensualistes et des Idéologues, avant d'être rejetée comme psychologie classique par les théoriciens de la Gestalt-psychologie, était déjà tenue pour telle par un psychologue romantique comme Maine de Biran. Par lui, la psychologie devient la technique du Journal intime et la science du sens intime. La solitude de Descartes c'était l'ascèse d'un mathématicien. La solitude de Maine de Biran, c'est l'oisiveté d'un sous-préfet. Le Je pense cartésien fonde la pensée en soi. Le Je veux biranien fonde la conscience pour soi, contre l'extériorité. Dans son bureau calfeutré, Maine de Biran découvre que l'analyse psychologique ne consiste pas à simplifier mais à compliquer, que le fait psychique primitif n'est pas un élément, mais déjà un rapport, que ce rapport est vécu dans l'effort. Il parvient à deux conclusions, inattendues pour un homme dont les fonctions sont d'autorité, c'est-à-dire de commandement : la conscience requiert le conflit d'un pouvoir et d'une résistance ; l'homme n'est pas, comme l'a pensé de Bonald, une intelligence servie par des organes, mais une organisation vivante servie par une intelligence. Il est nécessaire à l'âme d'être incarnée, et donc il n'y a pas de psychologie sans biologie. L'observation de soi ne dispense pas du recours à la physiologie du mouvement volontaire, ni à la pathologie de l'affectivité. La situation de Maine de Biran est unique, entre les deux Royer-Collard. Il a dialogué avec le doctrinaire et il a été jugé par le psychiatre. Nous avons de Maine de Biran une Promenade avec M. Royer-Collard dans les jardins du Luxembourg, et nous avons de Antoine-Athanase Royer-Collard, frère cadet du précédent, un Examen de la Doctrine de Maine de Biran. 9Si Maine de Biran n'avait pas lu et discuté Cabanis (Rapports du physique et du moral de l'homme, 1798), s'il n'avait pas lu et discuté Bichat (Recherches sur la Vie et la Mort, 1800), l'histoire de la psychologie pathologique l'ignorerait, ce qu'elle ne peut. Le second Royer-Collard, est après Pinel et avec Esquirol, un des fondateurs de l'Ecole française de psychiatrie.

Pinel avait plaidé pour l'idée que les aliénés sont à la fois des malades comme les autres, ni possédés, ni criminels, et différents des autres, donc devant être soignés séparément des autres [86] et séparément selon les cas dans des services hospitaliers spécialisés. Pinel a fondé la médecine mentale comme discipline indépendante, à partir de l'isolement thérapeutique des aliénés à Bicêtre et à la Salpêtrière. Royer-Collard imite Pinel à la Maison Nationale de Charenton, dont il devient le médecin-chef en 1805, l'année même ou Esquirol soutient sa thèse de médecine sur les Passions considérées comme causes, symptômes et moyens curatifs de l'aliénation mentale. En 1816, Royer-Collard devient professeur de médecine légale à la Faculté de Médecine de Paris, puis en 1821, premier titulaire de la chaire de médecine mentale. Royer-Collard et Esquirol ont eu comme élève Calmeil qui a étudié la paralysie chez les aliénés, Bayle qui a reconnu et isolé la paralysie générale, Félix Voisin qui a créé l'étude de l'arriération mentale chez les enfants. Et c'est à la Salpêtrière qu'après Pinel, Esquirol, Lelut, Baillarger et Falret, entre autres, Charcot devient, en 1862, chef d'un service dont les travaux seront suivis par Théodule Ribot, Pierre Janet, le Cardinal Mercier et Sigmund Freud.

Nous avions vu la psycho-pathologie commencer positivement à Galien, nous la voyons aboutir à Freud, créateur en 1896 du terme de ‘psychoanalyse’ . La psycho-pathologie ne s'est pas développée sans rapport aux autres disciplines psychologiques. Du fait des recherches de Biran, elle contraint la philosophie à se demander, depuis plus d'un siècle, auquel des deux Royer-Collard elle doit emprunter l'idée qu'il faut se faire de la psychologie. Ainsi la psycho-pathologie est-elle à la fois juge et partie au débat ininterrompu dont la métaphysique a légué la direction à la psychologie, sans d'ailleurs renoncer à y dire son mot, sur les rapports du physique et du psychique. Ce rapport a été longtemps formulé comme somato-psychique avant de devenir psycho-somatique. Ce renversement est le même d'ailleurs que celui qui s'est opéré dans la signification donnée à l'inconscient. Si l'on identifie psychisme et conscience - en s'autorisant de Descartes, à tort ou à raison - l'inconscient est d'ordre physique. Si l'on pense que du psychique peut-être inconscient, la psychologie ne se réduit pas à la science de la conscience. Le psychique n'est plus seulement ce qui est caché, mais ce qui se cache, ce qu'on cache, il n'est plus seulement l'intime, mais aussi - selon un terme repris par Bossuet aux mystiques - l'abyssal. La psychologie n'est plus seulement la science de l'intimité, mais la science des profondeurs de l'âme.

[87]

III. La psychologie comme science des reactions et du comportement

En proposant de définir l'homme comme organisation vivante servie par une intelligence, Maine de Biran marquait d'avance - mieux, semble-t-il, que Gall, d'après lequel, selon Lelut, “l'homme n'est plus une intelligence, mais une volonté servie par des organes” 10 - le terrain sur lequel allait se constituer au XIXe siècle une nouvelle psychologie. Mais, en même temps, il lui assignait ses limites, puisque, dans son Anthropologie, il situait la vie humaine entre la vie animale et la vie spirituelle.

Le XIXe siècle voit se constituer, à côté de la psychologie comme pathologie nerveuse et mentale, comme physique du sens externe, comme science du sens interne et du sens intime, une biologie du comportement humain. Les raisons de cet avènement nous semblent être les suivantes. D'abord des raisons scientifiques, savoir la constitution d'une Biologie comme théorie générale des relations entre les organismes et les milieux, et qui marque la fin de la croyance en l'existence d'un règne humain séparé; ensuite, des raisons techniques et économiques, à savoir le développement d'un régime industriel orientant l'attention vers le caractère industrieux de l'espèce humaine, et qui marque la fin de la croyance en la dignité de la pensée spéculative; enfin, des raisons politiques qui se résument dans la fin de la croyance aux valeurs de privilège social et dans la diffusion de l'égalitarisme: la conscription et l'instruction publique devenant affaire d'état, la revendication d'égalité devant les charges militaires et les fonctions civiles (à chacun selon son travail, ou ses oeuvres, ou ses mérites) est le fondement réel, quoique souvent inaperçu, d'un phénomène propre aux sociétés modernes: la pratique généralisée de l'expertise, au sens large, comme détermination de la compétence et dépistage de la simulation.

Or, ce qui caractérise, selon nous, cette psychologie des comportements, par rapport aux autres types d'études psychologiques, c'est son incapacité constitutionnelle à saisir et à exhiber dans la clarté son projet instaurateur. Si, parmi les projets instaurateurs de certains types antérieurs de psychologie, certains peuvent passer pour [88] des contre-sens philosophiques, ici, par contre, tout rapport à une théorie philosophique étant refusé, se pose la question de savoir d'où une telle recherche psychologique peut bien tirer son sens. En acceptant de devenir, sur le patron de la biologie, une science objective des aptitudes, des réactions et du comportement, cette psychologie et ces psychologues oublient totalement de situer leur comportement spécifique par rapport aux circonstances historiques et aux milieux sociaux dans lesquels ils sont amenés à proposer leurs méthodes ou techniques et à faire accepter leurs services.

Nietzsche, esquissant la psychologie du psychôlogue au XIXe siècle écrit: “Nous, psychologues de l'avenir ... , nous considérons presque comme un signe de dégénérescence l'instrument qui veut se connaître lui-même, nous sommes les instruments de la connaissance et nous voudrions avoir toute la naîveté et la précision d'un instrument, donc nous ne devons pas nous analyser nous-mêmes, nous connaître”. [Note: La volonté de puissance, trad. Bianquis, livre III, # 335] Etonnant malentendu et combien révélateur! Le psychologue ne veut être qu'un instrument, sans chercher à savoir de qui ou de quoi il est l'instrument. Nietzsche avait semblé mieux inspiré lorsque au début de la Généalogie de la Morale, il s'était penché sur l'énigme que représentent les psychologues anglais, c'est-à-dire les utilitaristes, préoccupés de la genèse des sentiments moraux. Il se demandait alors ce qui avait poussé les psychologues dans la direction du cynisme, dans l'explication des conduites humaines par l'intérêt, l'utilité, et par l'oubli de ces motivations fondamentales. Et voilà que devant la conduite des psychologues du XIXe siècle, Nietzsche renonce à tout cynisme par provision, c'est-à-dire à toute lucidité!

L'idée d'utilité, comme principe d'une psychologie, tenait à la prise de conscience philosophique de la nature humaine comme puissance d'artifice (Hume, Burke), plus prosaiquement à la définition de l'homme comme fabricant d'outils (Les Encyclopédistes, Adam Smith, Franklin). Mais le principe de la psychologie biologique du comportement ne parait pas s'être dégagé, de la même façon, d'une prise de conscience philosophique explicite, sans doute parce qu'il ne peut être mis en oeuvre qu'à la condition de rester informulé. Ce principe c'est la définition de l'homme lui-même comme outil. A l'utilitarisme, impliquant l'idée de l'utilité pour l'homme, l'idée de l'homme juge de l'utilité, a succédé l'instrumentalisme, impliquant l'idée d'utilité de l'homme, l'idée de l'homme comme moyen d'utilité. L'intelligence n'est plus ce qui fait les organes et s'en sert, mais ce qui sert les organes. Et ce n'est pas impunément que les origines historiques de la psychologie de réaction doivent être cherchées dans les travaux suscités par la découverte de l'équation personnelle propre aux astronomes [89] utilisant le télescope (Maskelyne, 1796). L'homme a été étudié d'abord comme instrument de l'instrument scientifique avant de l'être comme instrument de tout instrument.

Les recherches sur les lois de l'adaptation et de l'apprentissage, sur le rapport de l'apprentissage et des aptitudes, sur la détection et la mesure des aptitudes, sur les conditions du rendement et de la productivité (qu'il s'agisse d'individus ou de groupes) - recherches inséparables de leurs applications à la sélection ou à l'orientation admettent toutes un postulat implicite commun: la nature de l'homme est d'être un outil, sa vocation c'est d'être mis à sa place, à sa tache.

Bien entendu, Nietzsche a raison de dire que les psychologues veulent être les “instruments naïfs et précis” de cette étude de l'homme. Ils se sont efforcés de parvenir à une connaissance objective, même si le déterminisme qu'ils recherchent dans les comportements n'est plus aujourd'hui le déterminisme de type newtonien, familier aux premiers physiciens du XIXe siècle, mais plutôt un déterminisme statistique, progressivement assis sur les résultats de la biométrie. Mais enfin quel est le sens de cet instrumentalisme à la seconde puissance? Qu'est-ce qui pousse ou incline les psychologues à se faire, parmi les hommes, les instruments d'une ambition de traiter l'homme comme un instrument?

Dans les autres types de psychologie, l'âme ou le sujet, forme naturelle ou conscience d'intériorité, est le principe qu'on se donne pour justifier en valeur une certaine idée de l'homme en rapport avec la vérité des choses. Mais pour une psychologie où le mot âme fait fuir et le mot conscience, rire, la vérité de l'homme est donnée dans le fait qu'il n'y a plus d'idée de l'homme, en tant que valeur différente de celle d'un outil. Or il faut reconnaître que pour qu'il puisse être question d'une idée d'outil, il faut que toute idée ne soit pas mise au rang d'outil, et que pour pouvoir attribuer à un outil quelque valeur, il faut précisément que toute valeur ne soit pas celle d'un outil dont la valeur subordonnée consiste à en procurer quelque autre. Si donc le psychologue ne puise pas son projet de psychologie dans une idée de l'homme, croit-il pouvoir le légitimer par son comportement d'utilisation de l'homme? Nous disons bien: par son comportement d'utilisation, malgré deux objections possibles. On peut nous faire remarquer, en effet, d'une part, que ce type de psychologie n'ignore pas la distinction entre la théorie et l'application, d'autre part, que l'utilisation n'est pas le fait du psychologue, mais de celui ou de ceux qui lui demandent des rapports ou des diagnostics. Nous répondrons qu'à moins de confondre le théoricien de la psychologie et le professeur de psychologie, on doit reconnaître que le psychologue contemporain est, le plus souvent, un praticien professionnel dont la “science” est tout entière inspirée par la recherche de “lois” de l'adaptation à un milieu socio-technique - et non pas à un milieu naturel - ce qui confère toujours [90] à ses opérations de “mesure” une signification d'appréciation et une portée d'expertise. De sorte que le comportement du psychologue du comportement humain enferme quasi-obligatoirement une conviction de supériorité, une bonne conscience dirigiste, une mentalité de manager des relations de l'homme avec l'homme. Et c'est pourquoi il faut en venir à la question cynique: qui désigne les psychologues comme instruments de l'instrumentalisme? A quoi reconnaît-on ceux des hommes qui sont dignes d'assigner à l'homme-instrument son rôle et sa fonction? Qui oriente les orientateurs?

Nous ne nous plaçons pas, cela va de soi, sur le terrain des capacités et de la technique. Qu'il y ait de bons ou de mauvais psychologues, c'est-à-dire des techniciens habiles après apprentissage ou malfaisants par sottise non sanctionnée par la loi, ce n'est pas la question. La question c'est qu'une science, ou une technique scientifique ne contiennent d'elles-mêmes aucune idée qui leur confère leur sens. Dans son Introduction à la Psychologie, Paul Guillaume a fait la psychologie de l'homme soumis à une épreuve de test. Le testé se défend contre une telle investigation, il craint qu'on n'exerce sur lui une action. Guillaume voit dans cet état d'esprit une reconnaissance implicite de l'efficacité du test. Mais on pourrait y voir aussi bien un embryon de psychologie du testeur. La défense du testé c'est la répugnance à se voir traité comme un insecte, par un homme à qui il ne reconnaît aucune autoritépour lui dire ce qu'il est et ce qu'il doit faire. “Traiter comme un insecte”, le mot est de Stendhal qui l'emprunte à Cuvier. [Note: “Au lieu de hall le petit libraire du bourg voisin qui vend l'Almanach populaire, disais-je à mon ami M. de Ranville, appliquez-lui le remède indiqué par le célèbre Cuvier; traitez-le comme un insecte. Cherchez quels sont ses moyens de subsistance, essayez de deviner ses manières de faire l'amour” (Mémoires d'un Touriste Calmann-Lévy, tome II, p. 23).] Et si nous traitions le psychologue comme un insecte; si nous appliquions, par exemple, au morne et insipide Kinsey la recommandation de Stendhal?

Autrement dit, la psychologie de réaction et de comportement, au XIXe et au XXe siècles, a cru se rendre indépendante, en se séparant de toute philosophie, c'est-à-dire de la spéculation qui cherche une idée de l'homme en regardant au-delà des données biologiques et sociologiques. Mais cette psychologie ne peut pas éviter la récurrence de ses résultats sur le comportement de ceux qui les obtiennent. Et la question “Qu'est-ce que la psychologie?”, dans la mesure où on interdit à la philosophie d'en chercher la réponse, devient “Où veulent en venir les psychologues en faisant ce qu'ils font ? Au nom de quoi se sont-ils institués psychologues?” Quand Gédéon recrute le commando d'Israélites à la tête duquel il reconduit les Madianites au-delà du Jourdain (LaBible: Juges, Livre VII), il utilise un [91] test à deux degrés qui lui permet de ne retenir d'abord que dix mille hommes sur trente deux mille, puis trois cents sur dix mille. Mais ce test doit à l'Eternel et la fin de son utilisation et le procédé de sélection utilisé. Pour sélectionner un sélectionneur, il faut normalement transcender le plan des procédés techniques de sélection. Dans l'immanence de la psychologie scientifique la question reste: qui a, non pas la compétence, mais la mission d'être psychologue? La psychologie repose bien toujours sur un dédoublement, mais ce n'est plus celui de la conscience, selon les faits et les normes que comporte l'idée de l'homme, c'est celui d'une masse de “sujets” et d'une élite corporative de spécialistes s'investissant eux-mêmes de leur propre mission.

Chez Kant et chez Maine de Biran, la psychologie se situe dans une Anthropologie, c'est-à-dire, malgré l'ambiguïté, aujourd'hui fort à la mode, de ce terme, dans une philosophie. Chez Kant la théorie générale de l'habileté humaine reste en rapport avec une théorie de la sagesse. La psychologie instrumentaliste se présente, elle, comme une théorie générale de l'habileté, hors de toute référence à la sagesse. Si nous ne pouvons pas définir cette psychologie par une idée de l'homme, c'est-à-dire situer la psychologie dans la philosophie, nous n'avons pas le pouvoir, bien entendu, d'interdire à qui que ce soit de se dire psychologue et d'appeler psychologie ce qu'il fait. Mais nul ne peut davantage interdire à la philosophie de continuer à s'interroger sur le statut mal défini de la psychologie, mal défini du côté des sciences comme du côté des techniques. La philosophie se conduit, ce faisant, avec sa naïveté constitutive, si peu semblable à la niaiserie qu'elle n'exclut pas un cynisme provisoire, et qui l'amène à se retourner, une fois de plus, du côté populaire, c'est-à-dire du côté natif des non-spécialistes.

C'est donc très vulgairement que la philosophie pose à la psychologie la question: dites-moi à quoi vous tendez, pour que je sache ce que vous êtes? Mais le philosophe peut aussi s'adresser au psychologue sous la forme - une fois n'est pas coutume - d'un conseil d'orientation, et dire: quand on sort de la Sorbonne par la rue Saint-Jacques, on peut monter ou descendre; si l'on va en montant, on se rapproche du Panthéon qui est le Conservatoire de quelques grands hommes, mais si l'on va en descendant on se dirige sûrement vers la Préfecture de Police.


Cahiers pour l'Analyse 2, 1966

Notes

1. Nous remercions vivement M. Canguilhem d'avoir autorisé la reproduction de cette conférence, prononcée au Collège philosophique le 18 Décembre 1956 et publiée dans la Revue de Métaphysique et de Morale, 1958, n° 1, 12 - 25.

2. L’unité de la psychologie (Paris: PUF, 1949).

3. Cf. Scipion Du Pleix, Corps de Philosophie contentant la Logique, la Physique, la Métaphysique et l’Ethique (Genève, 1636; 1er édition, Paris, 1607).

4. Cf. Aron Gurwitsch, Développement historique de la Gestalt-Psychologie, in Thalès, IIe année, 1935, p. 167-175.

5. Scipion Du Pleix, op. cit., Physique, p. 439.

6. Ibid, p. 353.

7. Cours de Philosophie positive. 1ère Leçon.

8. Essai sur les fondements de nos connaissances (1851), # 371-376.

9. Publié par son fils Hyacinthe Royer-Collard (dans les Annales Médico-Psychologiques, 1843, t. II. p. 1).

10. Qu’est-ce que la phrénologie? ou Essai sur la signification et la valeur des systèmes de psychologie en général et de celui de Gall en particulier. Paris, 1836, p. 401.

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Laurent Mucchielli: Pour une psychologie collective : l’héritage durkheimien d’Halbwachs et sa rivalité avec Blondel durant l’entre-deux-guerres

Halbwachs et Blondel sont les héritiers directs de la génération des fondateurs des sciences humaines à l’université. De fait, la question des (r)apports entre leurs deux disciplines a déjà une histoire au moment où ils s’en emparent. De surcroît, ils ne sont pas les seuls auteurs de leur génération à se passionner pour une question dont on peut en réalité dire que son traitement est un enjeu intellectuel et disciplinaire central dans l’entre-deux-guerres. Pour mieux situer ces deux auteurs et leur débat, il faut donc faire quelques rappels et quelques mises en contexte.

Au tournant du siècle, Durkheim et son équipe initiale définissent fondamentalement la sociologie comme une psychologie collective et ils réussissent à intéresser fortement les psychologues de leur époque, au point d’amener progressivement certains d’entre eux à concevoir la nécessité de revisiter la plupart des objets traditionnels de la psychologie à la lumière de l’influence du social. Théodule Ribot – le principal artisan de l’institutionnalisation de la psychologie à la fin du XIXème siècle – ayant donné l’exemple, nombre de jeunes psychologues vont suivre et prolonger ce débat durant l’entre-deux-guerres. Charles Blondel, Georges Dumas puis Ignace Meyerson sont sans doute les plus importants. De leur côté, les héritiers de Durkheim ne cessent de réinvestir cette réflexion sur la psychologie collective. Ainsi, Marcel Mauss, Maurice Halbwachs, Lucien Lévy-Bruhl et Marcel Granet reprennent chacun à leur manière le débat lancé par Durkheim sur le rôle des représentations collectives dans la structuration des états de conscience individuels.

Du côté des sociologues, comme de celui des psychologues, ces recherches individuelles participent donc d’une dynamique collective qui apparaît nettement à travers les multiples contributions composant les deux épais volumes du Traité de psychologie dirigé par Georges Dumas, commencé avant la guerre et publié finalement en 1923-1924. Le débat s’exerce au grand jour dans de nombreux lieux de confrontations. Sociologues et psychologues se rencontrent du reste régulièrement lors des réunions de la Société de psychologie de Paris à partir de 1920 et de celles de l’Institut de sociologie à partir de 1924. Signe d’une commune démarche volontaire, le dialogue est officialisé par la participation régulière des uns aux activités des autres en tant que membres de droit et souvent même dans les positions les plus honorifiques. C’est ainsi que Mauss fut élu président de la Société de psychologie pour l’année 1924, et c’est à cette occasion qu’il prononça la fameuse conférence sur les « Rapports réels et pratiques de la psychologie et de la sociologie », rompant avec le ton polémique et dominateur de Durkheim avant la guerre, invitant les représentants des deux disciplines à un dialogue étroit sur des objets précis.

Les acteurs de l’époque ont du reste bien perçu l’intensité inédite de ce dialogue. En 1925, commentant l’évolution du champ intellectuel français au lendemain de la guerre, Dominique Parodi va jusqu’à écrire que deux événements scientifiques se dégagent nettement comme des nouveautés : le premier est la discussion de la théorie de la relativité d’Einstein, le second et « le plus curieux » est « une sorte de rapprochement et comme d’alliance entre la psychologie et la sociologie ». Analysant le contenu du Traité de psychologie dirigé par Dumas et l’évolution des idées de son temps, Roger Lacombe estime de son côté que : « nul doute que nous assistons à l’élaboration d’une doctrine [psycho-sociologique] dont la constitution sera l’un des faits marquants de l’histoire de la psychologie dans la première moitié du XXème siècle ». in fine sur les rapports entre sociologie et psychologie.

Laurent Mucchielli « Pour une psychologie collective : l'héritage durkheimien d'Halbwachs et sa rivalité avec Blondel durant l'entre-deux-guerres », Revue d'Histoire des Sciences Humaines 1/1999 (no 1), p. 103-141.
URL :
www.cairn.info/revue-histoire-des-sciences-humaines-1999-1-page-103.htm.
DOI : 10.3917/rhsh.001.0103.

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Jean Starobinski: Las concepciones de Chales Blondel

...conviene dedicar un momento de atención a la teoría expuesta por Charles Blondel, en 1914, en "La conciencia mórbida". (Médico y filósofo, Charles Blondel sigue primero las enseñanzas de Durkheim y de Bergson; tras la guerra, escribe uno de los primeros estudios importantes sobre Proust y dedica al psicoanálisis una obra apresurada y decepcionante). En "La conciencia mórbida", Blondel opone a la «teoría periférica» un poder activo y este poder activo es el lenguaje. No porque sea inexistente el mensaje cenestésico: pero lo que explica los trastornos de la conciencia mórbida no es su supuesta perturbación. Según Blondel, una teoría puramente fisiológica no es apta para dar cuenta de los fenómenos observados por el clínico. Las «masas cenestésicas» (que también llama lo «psicológico puro») no determinan por sí solas la enfermedad mental: el factor «mórbido» reside por entero en la insuficiencia de la respuesta verbal a las percepciones corporales -respuesta que el individuo elabora en el acto de pensamiento por medio de las herramientas lingüísticas que ha recibido de la sociedad. Al observar, como lo había hecho Dupré en sus estudios sobre las cenestopatías, que los enfermos hacen un alarde de fórmulas metafóricas para describir sus síntomas, Blondel localiza la anomalía no en el contenido (supuestamente neutro) de la información nerviosa corporal, sino en un defecto de la «acción eliminadora» que tendría que haber resultado de la intervención favorable del lenguaje.

La conciencia normal, según Blondel, elimina lo individual, lo «psicológico puro», al poner en acción los conceptos y herramientas interpretativas ofrecidas por el sistema de las representaciones colectivas. La ley del lenguaje, que es el resultado de un aprendizaje social, tiene como función impersonalizar la expresión que damos de nuestros estados individuales. Blondel cita a este respecto un pasaje revelador de Durkheim: «Hay realmente una parte de nosotros mismos que no está situada bajo la dependencia inmediata del factor orgánico: es todo lo que, en nosotros, representa a la sociedad. Las ideas generales que la religión o la ciencia graban en nuestras mentes, las operaciones mentales que suponen esas ideas, las creencias y los sentimientos que se hallan en la base de nuestra vida moral, todas esas formas superiores de la actividad psíquica que la sociedad despierta y desarrolla en nosotros no van a remolque del cuerpo, como nuestras sensaciones y nuestros estados cenes-tésicos. Es que [...] el mundo de las representaciones en el cual se desarrolla la vida social se sobreañade a su sustrato material, en lugar de proceder de él».

De todo ello, Blondel deduce que la conciencia normal es una conciencia en la que el dato cenestésico está dominado y reprimido por el sistema impersonal del discurso socializado. Al creer afirmar su yo, en realidad, el individuo racional hace triunfar las normas colectivas. La conciencia mórbida, incapaz de utilizar el lenguaje como lo ordena la instancia colectiva, es una conciencia sumida en lo individual cenestésico, en lo no-verbal o lo pre-verbal que el uso de las más atrevidas metáforas no consigue llevar a la expresión. Blondel no deja de destacar el carácter poético de esos intentos: es dar a entender que la poesía es refractaria a las normas sociales, que se sitúa en los aledaños de lo «psicológico puro», que tiene algo en común con la «conciencia mórbida»...

No es pues el cuerpo quien impone su ley a la conciencia. Es la sociedad quien, por mediación del lenguaje, toma el mando de la conciencia, e imprime su ley al cuerpo. La teoría de Blondel tiende a excluir el cuerpo, como fuente causal, para volver a encontrarlo más tarde como agente de las intenciones expresivas que le impone el individuo bajo el dictado de la conciencia colectiva. Por eso vemos cómo se desplaza el interés del cuerpo según la fisiología (esencialmente productor de informaciones internas destinadas a ser filtradas por el lenguaje) al cuerpo según la sociedad (esencialmente efectuador de mensajes portadores de significado, según el código y las reglas de la colectividad). Las prescripciones sociales no imponen sólo el lenguaje, sino también las manifestaciones corporales no verbales; no hay nada, en las líneas que siguen, que no pueda ser suscrito y aprobado por los sociólogos o por los «paralingüistas» que nos hablan hoy del «cuerpo como medio de expresión»:

«Para la expresión motriz y vasomotora de nuestros estados anímicos estamos sordamente preocupados por encontrar la nota justa, por realizar la mímica, regulada y definida por los usos y conveniencias, que correspondan a la emoción-patrón a la que se refiere nuestra propia emoción. Desde este punto de vista, la mímica parece haber recibido, por decirlo así, de la colectividad su morfología y su sintaxis [...]. Pensándolo bien, no existe ni una sola de nuestras manifestaciones motrices que no esté así más o menos estrictamente definida y con respecto a la cual no exista un modelo colectivo. Es decir, un concepto motor, al que tiene que adecuarse»

Fragmento de "Breve historia de la consciencia del cuerpo", de Jean Starobinski (tomado de http://www.elseminario.com.ar/biblioteca/Starobinski_Conciencia_cuerpo.htm )

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Carroy, Ohayon, Plas: Charles Blondel, la conciencia mórbida y la psicología colectiva

Charles Blondel (1876-1939) pasó a la posteridad fundamentalmente por haber publicado en 1924 una suerte de panfleto titulado “La psychanalyse”, que fue recibido de manera favorable por muchos de sus contemporáneos pero que, en la actualidad, puede considerarse poco inspirado (cf. Cap. 7, parágrafo “Introducción del psicoanálisis en Francia : debates y controversias”). Esta escueta visión hace olvidar el impacto que tuvo su obra en el período entre las dos guerras, en particular, su tesis defendida en 1914 sobre la “conciencia mórbida” y la concepción profundamente novedosa de la enfermedad mental que en ella desarrolla.

Filósofo y médico psiquiatra, Blondel lleva el sello de las dos corrientes dominantes en Francia en las postrimerías del siglo XIX : la filosofía de Bergson y la sociología de Durkheim, continuada por los trabajos de Lucien Lévy-Bruhl sobre la mentalidad primitiva. La originalidad de Blondel radica en la aplicación constante de ambas en psicopatología, aunque a través del tiempo la influencia de la sociología se vuelve predominante sobre la de la filosofía. En el momento en que los psiquiatras franceses se interesan cada vez más por el psicoanálisis y la fenomenología para tratar de comprender el enigma de la enfermedad mental (cf. Cap.7, parágrafo “Psicología, fenomenología y ciencias humanas”), Charles Blondel instala, de esta manera, una nueva y polémica perspectiva al sugerirles basarse en la sociología.

Interno en la Salpêtrière en el servicio del profesor Deny, uno de los primeros en Francia en recibir y difundir las ideas de Kraepelin, Blondel tiene ocasión de reunir allí el material para su tesis de filosofía, que se hará famosa: La Conscience morbide. Essai de psychopathologie générale [Blondel, 1919]. Tesis que defiende en 1914 ante un jurado prestigioso compuesto por Lévy-Bruhl, Delbos, Picavet, Dumas, Lalande y Delacroix. Es muy notoria en este trabajo la influencia de Léy-Bruhl. Coincidente con él, Blondel afirma que no se puede seguir midiendo al primitivo con la misma vara que al civilizado, ni al enfermo mental con la misma vara que al sano. Cada uno presenta una estructura de pensamiento y una mentalidad específicas, que deben ser entendidas según el método durkhemiano. Es conveniente evitar la “intropatía” (en lenguaje actual “empatía”) y observar a los alienados desde “afuera” sin olvidar, como por otra parte sostenía Durkheim, que se trata de una exigencia de método y que al igual que los hechos sociales, los sujetos no son cosas.

Esta concepción hace, también, tabla rasa del principio del método patológico que sostiene que no hay diferencia de naturaleza entre lo normal y lo patológico. Blondel formula la hipótesis inversa: la conciencia mórbida posee heterogeneidad, especificidad y originalidad. Siguiendo a Durkheim, sostiene que lo esencial de nuestra vida mental proviene de la sociedad. Ahora bien, el enfermo mental sufre porque las palabras que emplea, los cuadros emocionales comprendidos y admitidos por todos ya no corresponden a su experiencia íntima. Es como si hubiera perdido la clave de todo lo que realiza la conciencia socializada: los modos de pensar, de sentir y de actuar colectivos, que aseguran la comprensión entre los hombres. El alienado se halla, entonces, retirado de la comunidad, aislado, autista -acá Blondel retoma la concepción de Bleuler-, presa del misterio y la angustia de lo desconocido. ¿Qué le queda, entonces, al individuo cuando la conciencia social lo ha abandonado? “Psiquismo puro” -enuncia Blondel siguiendo a Bergson, una conciencia que no es ni espacial, ni socializada, una conciencia reducida a la cenestesia, es decir al conjunto de sensaciones internas, puesto que el delirio no es otra cosa que el intento de dominar la angustia engendrada por la extrañeza de los mensajes que vienen desde el cuerpo.

El jurado recibió la tesis de Blondel con admiración por su carácter brillante e innovador pero con reservas, si nos atenemos al dictamen publicado en 1914 en La Revue de métaphysique et de morale. Georges Dumas reprocha al postulante de exagerar, por motivos de su argumentación, las contradicciones de la conciencia mórbida, de exagerar también la coherencia de la conciencia normal y de insistir demasiado en el aspecto sociológico de las emociones. Delacroix lo acusa de presentar en forma incomprensible tanto el pasaje de lo psicológico a lo social, como el de lo normal a lo patológico. De todas esas críticas, resulta que Blondel, para apuntalar su tesis, rechaza lo subjetivo, endurece las oposiciones entre individuo y sociedad, entre lo normal y lo patológico. Blondel termina por admitir, frente a sus detractores, que existe una continuidad de lo normal a lo anormal, pero que eso no impide poner el acento sobre las diferencias. Georges Dumas evocará esos reparos en su Traité de psychologie, lo que no impedirá, por otra parte, que solicite a su amigo Blondel la redacción de los capítulos consagrados a la volición y a la personalidad.

Once años después de su tesis, en el Journal de psychologie normale et pathologique [1925], Blondel retoma esas hipótesis en un artículo titulado “Psychologie pathologique et sociologie”, que constituye a la vez un llamado a sus colegas psiquiatras y una respuesta al artículo que Mauss publica en 1924 (cf. Cap. 7, parágrafo “La psicología y la sociología : ¿qué esperan los sociólogos de los psicólogos?”) La pregunta ya no es “¿qué esperan los sociólogos de los psicólogos?” sino “¿qué pueden esperar los médicos alienistas de la sociología?” Blondel advierte seriamente sobre el riesgo de extender su teoría, llevando a concebir la enfermedad mental como una regresión a la mentalidad primitiva, prelógica, lo que parece creer Mauss siguiendo a otros psiquiatras y al propio Freud. Si bien Lévy-Bruhl pudo demostrar que hay varias mentalidades colectivas y que, por ejemplo, el pensamiento primitivo y el pensamiento civilizado se diferencian en muchos puntos, ambos pensamientos son normales en el seno de su propia cultura y, más que nada, son mentalidades colectivas. Nada de eso ocurre con la conciencia mórbida que, según Blondel, es esencialmente individual: las manifestaciones psicopáticas no constituyen nunca nada que pueda parecerse a una mentalidad colectiva. Por ese hecho, resulta muy difícil hacer con ella una ciencia, puesto que sólo hay ciencia de lo general; como mucho podría hacerse su historia. Blondel enuncia aquí lo que para él determina la imposibilidad de hacer una verdadera psicología patológica. El único medio del que dispone el psiquiatra es finalmente recurrir a la nosografía, que se ha esforzado en agrupar los caracteres comunes a ciertas patologías. Si bien Lévy-Bruhl eligió como marco la clasificación de las sociedades, el psiquiatra no tiene otro ámbito que el de la clasificación de las entidades mórbidas. Este enorme desvío a través de la sociología conduce finalmente a Blondel, al penoso regreso a una clínica médica reducida a la nosografía. Concluye recordando, de acuerdo con Mauss, la “necesidad de una actitud nueva en psicología. No hay prueba más contundente de la existencia de esa necesidad que el éxito del psicoanálisis” [p.355]. Blondel tiene entonces un mínimo acuerdo con Freud sobre la idea de que todo está por hacerse, pero una vez más recuerda en qué se diferencia su método del de los freudianos. Blondel sólo intenta proporcionar una explicación de los trastornos mórbidos que respete su carácter patológico, su extrañeza, su originalidad y que no los haga desaparecer a fuerza de interpretarlos.

En adelante, la principal preocupación de Charles Blondel, se refiere a la vinculación entre lo psicológico y lo social, apuntando así a la construcción de una psicología colectiva. Publica un breve trabajo, Introduction à la psychologie collective [1928], donde intenta establecer las bases de esa nueva disciplina. El estudio de los procesos psíquicos y de sus lazos con la vida colectiva ha sido abordado, desde fines del siglo anterior, por muchos investigadores, bajo muchas denominaciones: interpsicología, psicología social, etc. Pero el proyecto de Blondel es más ambicioso. Lejos de ser sólo una rama de la psicología, la psicología colectiva debe constituir “su centro y su nudo” [Blondel, 1928, p.5]. Como lo ha demostrado Durkheim, lo social no está condicionado por lo psicológico, sino a la inversa. Lo social está, por lo tanto, en el centro de todos los hechos mentales: del pensamiento, de la memoria, y sobre todo, de la vida afectiva. Gran parte de este opúsculo, por otra parte, está dedicada a la dimensión social de los sentimientos, de las emociones, de las voliciones. Este libro marcará profundamente a Lucien Febvre, quien lo cita a menudo, e inspirará buena parte de las reflexiones del historiador sobre la vida afectiva.

Blondel permaneció muchos años como profesor en Estrasburgo, donde fue colega y amigo de los historiadores Marc Bloch y Lucien Febvre, y recién en 1937, fue designado profesor de psicología en la Sorbona. No fue precisamente por haber sido contrario al psicoanálisis que su carrera universitaria se vio truncada, sino tal vez, por haber sido un psicólogo demasiado cercano a los sociólogos y propenso a cederles un territorio demasiado vasto. En su Psychologie collective, el autor propone, por ejemplo, esta jerarquización de las disciplinas inspirada según su interpretación de Auguste Comte: “Las ciencias que se ocupan de la mente humana, de sus manifestaciones, de sus causas y efectos deben clasificarse en el siguiente orden: psicofisiología, psicología colectiva, psicología individual” [ibíd., p.11]. Por último, Blondel ha sido reconocido por los sociólogos y los historiadores, tanto o más que por los psicólogos. Se vio enfrentado en todos los casos a la posición dominante de la psicología patológica, representada por Pierre Janet y Georges Dumas. Así se explica que, cuando promediando los años 30, se constituyó una efímera Sociedad de psicología colectiva, la presidencia recayera en Janet y no en él.

[Fuente:
El Seminario

Histoire de la psychologie en France. XIXe-XXe siècles, Paris, La Découverte, 2006, cap. 6, “Psychologie et psychologues dans l´entre-deux guerres”.

Traducción: Elizabeth Sowery Cartier. Trabajo final de Residencia en Traducción, IES en Lenguas Vivas "Juan Ramón Fernández", Buenos Aires, bajo la tutoría de la Prof. Nilda Veinticinque.]

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"All testing, all confirmation and disconfirmation of a hypothesis takes place already within a system. And this system is not a more or less arbitrary and doubtful point of departure for all our arguments; no it belongs to the essence of what we call an argument. The system is not so much the point of departure, as the element in which our arguments have their life."
- Wittgenstein

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"Le poète ne retient pas ce qu’il découvre ; l’ayant transcrit, le perd bientôt. En cela réside sa nouveauté, son infini et son péril"

René Char, La Bibliothèque est en feu (1956)


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