‘Innommables abominations sodomitiques’ : Autour de l’une des premières sentences conservées (justice épiscopale d’Albi, 1280)

Julien Théry. « ‘Innommables abominations sodomitiques’ : les débuts de la répression. Autour de l’une des premières sentences conservées (justice épiscopale d’Albi, 1280) », 2019

Une sentence de condamnation à la prison perpétuelle rendue en 1280 par l’évêque d’Albi Bernard de Castanet contre un chanoine dénommé Guilhem Fumet, jugé coupable d’avoir eu commerce charnel avec plusieurs hommes, constitue en l’état des connaissances le plus ancien document de ce type conservé en Occident. L’édition latine et la traduction française du texte sont ici accompagnés d’une synthèse sur les premières traces de la persécution des « sodomites » dans l’Europe occidentale à partir du début du XIIIe siècle. Concernant la sphère séculière, le décalage est frappant entre la prolifération des mesures normatives très sévères et la grande rareté des cas de poursuites attestés dans les sources de la pratique judiciaire. L’Église, de son côté, inaugura au XIIIe siècle une répression inédite contre la sodomie dans le clergé – sans toutefois en faire une une question obsessionnelle, ni même particulièrement pressante –, en relation avec la grande montée du gouvernement pastoral des fidèles. L’emprise de ce dernier, du point de vue de la papauté réformatrice, était conditionnée par le bon exemple de discipline de vie que devaient montrer les hommes d’Église. Or la sodomie était devenue, par excellence, la marque sursignifiante de la désobéissance à Dieu.
Les annexes de l’article comprennent les éditions et traductions, par Alexis Charansonnet, d’un sermon d’Eudes de Chateauroux à l’occasion de la déposition d’un clerc pour crime de sodomie (1267-1268), et, par Jean-Louis Biget, d’une sentence rendue à Albi, sous l’épiscopat particulièrement répressif de Bernard de Castanet, contre un paysan accusé de bestialité (1290).

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